La réalité est que notre pays, qui fait partie des nations les plus riches, où le niveau de vie est parmi les plus élevés et les systèmes de redistribution parmi les plus efficaces, ne va pas s’écrouler. Notre pays va simplement entrer dans une période démocratique intense à travers un sujet qui nous concerne toutes et tous, notre système de retraite. Dans les mois qui viennent, nous allons parler de notre système de retraite actuel et de celui que nous nous apprêtons à bâtir pour les prochaines décennies avec l’objectif de garder les grands principes qui font de notre modèle social un modèle unique et juste construit dans la passion collective de l’égalité. Une valeur dont nous pouvons être fiers. L’égalité inspire tous nos combats et est inscrite sur les frontons de nos bâtiments publics. Nous ne devons jamais l’oublier.
Changer notre système de retraite est devenu une nécessité tant celui qui est en place est devenu illisible et inégalitaire avec ses quarante-deux régimes différents. Si le principe d’un système de retraite par répartition intergénérationnelle ne doit pas être remis en question, son fonctionnement doit être questionné. Notre régime a été pensé et mis en place à une époque où le plein emploi existait, où l’espérance de vie était de 65 ans quand elle est de plus 80 ans aujourd’hui, où le taux d’emploi des femmes était bas, où l’on ne connaissait qu’un seul ou deux emplois durant sa vie professionnelle. Cela n’est plus le cas aujourd’hui et cela implique de penser et de construire un système qui prenne davantage en compte les réalités sociales, démographiques et économiques de notre époque. C’est pour cela que nous portons le projet de mettre en place un système de retraite à points qui permette de cotiser dès la première heure travaillée, qui permette de prendre en compte les changements de carrières professionnelles et les aléas de la vie – qu’ils soient heureux ou malheureux – , qui permette de prendre réellement en compte aussi les inégalités entre les femmes et les hommes et de les corriger plus efficacement.
Bien entendu, un tel changement de système de retraite représente un projet de société et appelle un temps de débats fort dans toutes les sphères de notre société. Des désaccords vont avoir lieu ; des débats vont avoir lieu sur la bonne prise en compte des inégalités et de la pénibilité des emplois ; des tensions et des rapports de forces politiques vont s’exprimer. Dans une société démocratique comme la nôtre, tout cela est normal. Mais nous ne devons pas tomber dans la caricature et l’indécence. Nous ne devons pas rester dans le catastrophisme qui habite nos débats politiques et notre société depuis trop longtemps. Si nous voulons protéger notre modèle social, il est normal que nous le modernisions et que nous l’adaptions à l’époque que nous vivons. Ce débat est exigeant pour notre vie démocratique mais il est indispensable. Et si nous voulons le réussir, nous devons arrêter de penser de manière totalement caricaturale que le ciel va nous tomber sur la tête. Le projet que nous portons doit nous permettre de faire perdurer notre modèle social pour les générations actuelles et futures. C’est notre responsabilité collective.
pour en savoir plus : https://www.reforme-retraite.gouv.fr