“Gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix”
Pierre Mendès France
L’annonce par le Premier ministre samedi 29 février de recourir à l’article 49 alinéa 3 de notre Constitution pour faire adopter en première lecture le projet de loi instaurant la mise en place d’un système universel de retraite est un moment difficile de notre vie démocratique. C’est un fait. A vrai dire, l’utilisation du « 49-3 » est toujours un moment difficile tant il représente un échec collectif pour notre démocratie. Mais il est un outil légal et légitime de notre Constitution qui doit nous permettre de surmonter les moments de blocage institutionnel et garantir à la majorité démocratiquement élue, la capacité d’agir et de gouverner. Face à la stratégie d’obstruction et de blocage total de l’Assemblée nationale par l’extrême gauche, cette décision du Premier ministre était nécessaire.
Je le dis et l’écris souvent, nous n’avons pas été élus pour nous contenter de plaire dans les sondages en ne faisant rien. Nous avons été élus pour agir et mettre en œuvre le programme pour lequel les citoyens et les citoyennes nous ont apporté leurs voix. Au cœur de l’engagement que nous avons pris devant les Français et les Françaises lors des élections de 2017, il y avait justement cette ambition et cette responsabilité de moderniser notre système de retraite afin de le pérenniser en le rendant plus lisible et plus juste. Rien n’a été caché concernant cette réforme majeure pour notre Nation. Bien entendu, les oppositions à ce projet sont légitimes et fondamentales au sein de notre système démocratique et doivent par conséquent s’exprimer. Cependant, même si le sujet est complexe, une quarantaine de députés ne peut pas bloquer à elle seule le débat démocratique et nous empêcher de mettre en œuvre ce projet. Lors des prochaines élections nous assumerons le bilan de cette action et les Françaises et les Français pourront alors juger de celle-ci en toute liberté dans le secret de l’isoloir avec leur bulletin de vote. On appelle cela la démocratie avec ses règles et ses principes.
Le spectacle auquel nous avons assisté ces dernières semaines à l’Assemblée est triste et inquiétant. L’extrême gauche française a fait le choix de bloquer la réforme des retraites à travers une action d’obstruction parlementaire totalement assumée. Quand l’extrême droite a elle fait le choix de l’absentéisme le plus total lors des débats. Si la stratégie des extrêmes diffère, la proximité des discours et des méthodes doivent interpeller. En s’érigeant en protectrice du peuple, en en appelant à la logique référendaire, en défendant la légitimité des sondages davantage que celle des urnes, c’est bien à un changement de régime qu’en appellent ces oppositions. Et au regard de l’Histoire, nous savons toutes et tous de quelle manière cela se finit toujours. Derrière un discours policé sur la démocratie et la défense de celles et ceux qui ont le moins se cache la réalité d’une action politique radicale totalement assumée de blocage des institutions, de radicalisation du débat dans notre société et de légitimation de la violence physique, verbale et numérique. Cela nous ne devons pas l’accepter, nous devons aujourd’hui le dénoncer et le combattre.
Il en va de la survie de notre démocratie, tout simplement.
Derrière la banalisation de la violence dans notre société et le blocage de l’Assemblée nationale que nous avons vécus ces dernières semaines se cache la montée des populismes dans notre pays. Ne nous y trompons pas. Ce qui guide les populistes n’est pas la protection des plus démunis ou la volonté d’agir. Ce qui guide ces populistes c’est la peur du monde dans lequel nous vivons, c’est la peur de l’autre et du changement, la peur de demain, la volonté de se recroqueviller sur soi, de rester immobile, de fermer les yeux. Les inquiétudes, les craintes, les difficultés de vie, les fractures, je les entends et elles sont l’origine-même de mon engagement en politique. Il faut faire attention aux amalgames. Les réponses à apporter à tous ces maux ne se trouvent pas dans la résignation et le repli sur soi mais bien dans la tenue des débats qui ont lieu au sein de toutes les assemblées, qu’elles soient locales ou nationales, et dans le respect des engagements pris lors des élections.
Votons ! Encore et toujours…