De nombreux enseignements doivent être tirés de la période que nous venons de vivre. Pour ma part, j’en tire déjà quatre.
Le premier enseignement est que durant cette période nous avons perdu le contact avec 500 000 élèves. Cela signifie que les inégalités scolaires ont augmenté. Dans les semaines qui viennent, il est indispensable que nous réfléchissions à la mise en place de dispositifs pour permettre à tous les élèves de pouvoir rattraper les enseignements non suivis au cours de ces derniers mois lors de la prochaine rentrée. Nous ne pouvons pas accepter que les inégalités d’accès à l’instruction des derniers mois soient à tout jamais figées dans le temps pour plusieurs centaines de milliers de jeunes. Aussi, avec l’ensemble de la communauté éducative nous devons construire des solutions innovantes pour que chaque heure de cours loupé cette année puisse être rattrapée l’année prochaine. C’est un enjeu majeur pour notre république dans la lutte contre les inégalités et les systèmes de reproduction sociale.
Le deuxième point est que nous devons lutter contre les inégalités d’accès aux outils numériques. Nous l’avons vu, au cours de cette période, le numérique a été un outil indispensable pour assurer la continuité des cours. Mais nous le savons, toutes les familles et donc tous les enfants n’ont pas forcément d’ordinateur ou de tablette numérique, tout comme ils n’ont pas forcément d’accès à Internet. Il est donc nécessaire de mettre en place une politique nationale d’accès aux outils numériques pour tous les élèves, dans tous les territoires. Grâce à l’action du département, tous les collégiens val-de-marnais ont un ordinateur portable dès la classe de 6ème. Je tiens à saluer l’action du département en la matière. Cela peut nous inspirer au niveau national et dans tous les territoires.
Le troisième enseignement est que les équipes éducatives ont dû au cours de cette période adapter leurs méthodes et qu’elles ont dû laisser plus de place à l’initiative des élèves. Durant cette période, afin de créer du lien social, afin de s’assurer de la bonne diffusion des informations et de l’organisation des cours, des élèves ont pris des initiatives. Je pense qu’il y a là matière à réflexion sur les évolutions que peut avoir notre école dans les années qui viennent. Nous devons laisser plus de place à l’initiative des élèves, aux actions ou aux démarches qu’ils peuvent entreprendre pour le collectif. Et ces actions citoyennes, nous devons les reconnaître. A côté, nous devons aussi faciliter et encourager les liens entre l’école et son environnement, notamment les liens avec le tissu associatif.
Enfin, le dernier enseignement que je tire concerne notre organisation territoriale. Au cours des dernières semaines j’ai tout simplement été choqué de voir qu’alors que certaines villes s’engageaient totalement pour la réouverture des écoles et l’accueil des élèves, y compris en proposant des activités culturelles et sportives, d’autres, pour des raisons purement politiciennes, préféraient polémiquer et réclamer le maintien des écoles fermées jusqu’en septembre. Les maires qui ont défendu cette position se sont laissés guider par leur seul combat contre le gouvernement au détriment de notre jeunesse. Je le regrette. Cette attitude dogmatique n’a fait qu’accroître les inégalités scolaires. A travers cette position, les communes concernées ont envoyé un message de peur aux familles qui, encore aujourd’hui, se questionnent sur la possibilité de remettre leurs enfants à l’école en sécurité. Je regrette que ce message ait été porté dans les villes les plus populaires de nos territoires, là où les inégalités scolaires, les inégalités d’accès aux savoirs, à la culture, au sport, sont les plus fortes. Une telle situation ne doit plus se reproduire à l’avenir. A l’avenir, les services de l’État et de l’Éducation nationale devront pouvoir reprendre la main dans la gestion de telles crises. L’école ne peut pas faire l’objet d’instrumentalisation politique à des fin partisanes.