Mais que se passe-t-il ? Que nous arrive-t-il ? Les images de violences se succèdent les unes aux autres. Ici place de la République où plusieurs centaines de migrants se sont installés pour passer la nuit tout en interpellant sur leur situation et où nos forces de police chargent avant même d’entreprendre toute discussion. Ici dans le 17èmearrondissement où quatre policiers agressent sauvagement un homme chez lui en raison de sa couleur de peau. Ici aux abords de la place de la Bastille où plusieurs de nos policiers sont attaqués et lynchés en marge d’une manifestation avec une violence sans nom par des black blocs que rien ne semble pouvoir arrêter. Ces faits, ces agressions, ce déversement de haine et de colère sont terribles. Ils sont insupportables au sein de notre République. Nous condamnons toutes ces violences. Nous devons aussi en rechercher les causes et travailler aux réponses à apporter.
Dans la période que nous vivons, j’ai certainement ma part de responsabilité dans les tensions que nous vivons collectivement ces derniers jours. En tout cas, cette question habite mes réflexions actuellement. J’ai voté la proposition de loi sur la sécurité globale et son article 24 visant à renforcer la protection de nos forces de l’ordre. Je crois dans le bien-fondé de cette loi même si certaines mesures continuent de me poser questions. Cette proposition de loi qui est travaillée depuis plus de deux ans était attendue. Elle comporte des mesures importantes pour renforcer nos différentes forces de sécurité, pour améliorer leur coopération, pour encadrer les nouveaux matériels qu’elles peuvent utiliser pour garantir notre sécurité. Nous tentons aussi à travers ce texte de renforcer la protection que nous devons aux femmes et aux hommes qui sont engagés au quotidien pour assurer notre sécurité, parfois au risque de leurs vies. Mais force est de constater que l’un des articles que nous avons discuté, amendé puis adopté, a suscité beaucoup d’incompréhension et créé un réel sentiment d’atteinte aux libertés de la presse. Bien entendu, ce n’est pas l’objectif et ce n’a jamais été l’objectif de ce texte, ni même de la majorité présidentielle. Cette disposition, nous allons aujourd’hui continuer de la discuter, de la travailler avec une attention toute particulière sur les travaux qui seront menés au Sénat courant janvier. Elle sera quoi qu’il arrive totalement réécrite.
Reste, qu’avec cette disposition, nous avons rajouté de la tension au sein de notre société alors même que nous vivons une période où chacun voit déjà sa vie contrainte par les mesures que nous prenons face à la crise sanitaire qui nous touche. Dans une période où les inquiétudes sont fortes, j’en ai bien conscience. Je sais aussi que la situation économique et sociale se durcit et que bon nombre d’entre nous sont touchés par la perte de leur emploi, par la suspension de leur formation, par l’isolement, par la précarité ou la pauvreté. Je pense notamment aux jeunes, aux familles monoparentales ou aux personnes de plus de cinquante ans, souvent des femmes, qui sont au chômage et pour qui la période est particulièrement injuste. Nous mettons tout en œuvre actuellement pour accompagner chaque personne qui rencontre des difficultés. Mais nous devrons aller plus loin dans les mois qui viennent et encore renforcer nos systèmes de solidarités. Nous devrons étudier toutes les possibilités. Nous devrons avoir pour objectif de ne laisser personne sur le bord de la route. Cela demandera de mettre de côté les revendications catégorielles qui sont légions dans notre pays et de réellement travailler au soutien de celles et ceux qui sont totalement dans le besoin, celles et ceux dont nous n’entendons jamais la voix. Dans les semaines qui viennent, c’est le chemin de l’écoute, de l’attention et de la solidarité que nous devons absolument reprendre.
Suite aux événements que nous avons vécus ces derniers jours, je tenais à vous faire part du sentiment qui m’anime aujourd’hui. Je tiens cependant à profiter également de ces quelques lignes pour vous tenir informés d’un dossier législatif qui m’occupe depuis le début de la législature, notre gouvernance métropolitaine. Courant décembre, je déposerai avec Pacôme Rupin et mes collègues franciliens du groupe Larem une proposition de loi visant à clarifier la gouvernance du Grand Paris. Notre volonté est de redonner tous les leviers d’actions à nos territoires métropolitains en renforçant leurs outils de coopération pour faire face aux enjeux de transitions écologiques et de lutte contre les inégalités. Faute de solutions consensuelles proposées par l’ensemble des élus franciliens et de leur incapacité à travailler ensemble, nous présenterons un projet de simplification et de renforcement de l’efficacité de la gouvernance de nos politiques publiques au sein de la métropole du Grand Paris. Je sais que vous êtes nombreuses et nombreux à suivre ce dossier et je vous invite à suivre de près les actualités que je ne manquerai pas de vous communiquer sur le sujet dans les jours qui viennent.