Alors que de plus en plus de Français choisissent le vélo pour se déplacer chaque jour, que la forte fréquentation des «coronapistes» montre à quel point la création de pistes cyclables permet aux citoyens de se mettre au vélo, que les magasins de cycles connaissent une fréquentation record, alors enfin que la Convention citoyenne pour le climat s’est positionnée sur le sujet, le projet de loi climat et résilience ne mentionnait pas le vélo dans la version du gouvernement, et ne l’évoque désormais qu’à la marge grâce à un ajout en commission… Nous, parlementaires pro-vélo, estimons indispensable d’y remédier.
Nous sommes en effet convaincus que nous devons poursuivre les efforts pour que les politiques vélo changent de braquet dans notre pays et pour faire du vélo un réel moyen de déplacement du quotidien, dans tous nos territoires. L’utilisation du vélo progresse, mais trop lentement. Nous ne pouvons faire une grande loi pour le climat sans parler vélo !
Certes, depuis 2017, de vraies avancées ont vu le jour. Un plan vélo de 350 millions d’euros sur sept ans, attendu depuis de nombreuses années, s’est mis progressivement en place. La loi mobilité a permis la création du mobilités durables, l’instauration de places réservées dans les trains, les bus, dans les nouvelles constructions et les gares, le renforcement de la sécurité des cyclistes, l’obligation du marquage des vélos pour réduire les vols. La gestion de la crise du coronavirus a conduit de nombreuses collectivités à créer des pistes cyclables de transition, et l’Etat à mettre en place le dispositif «Coup de pouce vélo». Ces mesures vont dans le bon sens.
Mais elles ne sont pas suffisantes : nous devons aller encore bien plus loin car notre objectif n’est pas de nous contenter de passer de 3 % à 4 % de l’ensemble des déplacements effectués à vélo : or, c’est ce vers quoi nous emmène la trajectoire politique actuelle comme l’a constaté l’étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et de la Direction générale des entreprises (DGE) «Impact économique et potentiel de développement des usages du vélo en France en 2020», datée d’avril 2020. Notre objectif est bien plus ambitieux et en cohérence avec l’urgence climatique : le plan vélo de 2018 prévoit de passer à 9 % de part modale d’ici à 2024. C’est un objectif écologique essentiel, mais aussi de santé publique et de bien-être. Car oui, faire du vélo est bon pour la santé, et le lien social, c’est accessible et économe. C’est un mode de déplacement qui fait du bien, et pas seulement au climat !
Au moment où le projet de loi climat est discuté à l’Assemblée nationale, nous reprenons la plume car le texte ne comporte pour le moment aucun article sur le développement du vélo.
Nous portons des dispositions pleines de bon sens qui doivent nous permettre de favoriser encore plus le développement de l’usage du vélo. Trop peu mis en place par les entreprises à ce jour, nous proposons de rendre le forfait mobilités durables obligatoire et de permettre son cumul effectif avec un abonnement aux transports en commun. Afin de faciliter l’acquisition d’un vélo électrique, nous proposons de transformer la prime à la conversion en une prime à la mobilité durable qui donnera la possibilité à chacun d’utiliser cette prime pour l’achat d’un ou plusieurs vélos, et non forcément d’une nouvelle voiture. Enfin, nous proposons de renforcer la sécurité des cyclistes vis-à-vis des angles morts des poids lourds et de rendre effectif le déploiement du dispositif «Savoir rouler à vélo» dédié aux enfants.
Nos amendements sur le sujet en commission spéciale viennent d’être déclarés «irrecevables» pour absence de lien avec la loi climat… Cette analyse doit changer, cette loi ne peut pas être adoptée sans traiter le sujet du vélo compte tenu des enjeux actuels !
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La loi Climat parlera vélo dans un esprit transpartisan : nous avons déposé neuf amendements cosignés par près de 80 députés, amendements préparés dans le cadre des travaux du club des élus nationaux pour le vélo. Je vous invite à suivre les débats en séance dans les semaines à venir.