Alors même que nous discutons depuis maintenant plusieurs semaines une grande loi sur le climat qui doit nous permettre de compléter nos outils pour faire face au réchauffement climatique et atteindre la neutralité carbone en 2050, les médias et les réseaux sociaux sont saturés de débats sur des polémiques liées à certains positionnements des élus du parti EELV. Que les élus de ce parti défendent des positions plus radicales pour que nous réduisions nos émissions de gaz à effet de serre, que nous protégions nos sols ou améliorions la qualité de notre nourriture n’est pas une surprise. Ce sont leurs convictions. Ils ont parfaitement le droit de les défendre et nous avons parfaitement le droit de les contester, de proposer une autre méthode et un autre chemin pour atteindre la neutralité carbone. C’est ce que nous faisons avec responsabilité depuis 2017. Ce qui est inquiétant, c’est le déferlement de haines et de menaces auquel font face ces élus de la République actuellement. Des agissements qui s’inscrivent dans un contexte de hausse des violences physiques envers les élus locaux de manière générale et de menaces graves envers les parlementaires. Le dernier évènement en date a eu lieu à Vincennes où le conseiller municipal EELV Quentin Bernier-Gravat a reçu un torrent d’attaques personnelles après avoir exprimé une opinion personnelle. Sans rentrer dans le détail de la délibération qui a créé la polémique, je lui apporte tout mon soutien personnel face à ces attaques toutes inadmissibles. Quand un élu, qu’il soit conseiller municipal, maire, député ou sénateur exprime une position, on ne manifeste pas son désaccord par des insultes et des menaces. Ces attitudes constituent des attaques non pas uniquement envers cette personne, mais envers toute notre démocratie. On exprime son désaccord par des contre-arguments et des propositions politiques différentes. Et quand il commet une erreur, ce qui est humain y compris pour nous élus, on apporte une correction ou une explication. En cela notre société doit retrouver le goût du débat politique le plus rapidement possible.
Reflet d’une société surmédiatisée où le débat politique s’appauvrit chaque jour un peu plus, où le buzz et le clash, le radicalisme ne laissent presque plus de place à la complexité et au rassemblement, la loi sur le climat n’a presque pas été traitée au fond par les médias. Cela serait le fruit d’une mauvaise communication de la part de la majorité présidentielle ? Personnellement je ne le pense pas. J’entends cette explication depuis plus de dix ans. Je pense personnellement qu’il n’y a pas un problème de communication, mais bien un problème de société, d’une société tirée chaque jour davantage vers des extrêmes politiques, Front national comme Insoumis, qui se rejoignent sur bien des points politiques et des méthodes de militantismes radicales et violentes. Et certains médias participent malheureusement pleinement à cette tendance actuelle avec l’appui des réseaux sociaux, véritable courroie de transmission de toutes les thèses conspirationnistes, racistes et antidémocratiques de notre époque. Nous ne devons plus rester inertes face à ces phénomènes qui affaiblissent notre République et notre démocratie.
Les enjeux auxquels notre société est confrontée méritent des débats politiques sérieux et intenses, que cela soit à l’échelle européenne, nationale ou locale. Et dans ce cadre on ne peut pas se contenter de répondre aux partis écologistes qu’aujourd’hui tout le monde est écolo, que tout est en cours de réalisation et que leurs positions et actions sont caricaturales. Les partis écologistes ont une place importante dans notre République, dans le débat politique et notamment dans les travaux que nous avons à mener sur la transition écologique. Ils expriment selon moi aujourd’hui une volonté de changement par la contrainte de notre société au nom de l’urgence climatique sans laisser le temps aux différents secteurs d’activité de s’adapter ou aux populations de pouvoir changer leurs comportements. Mais je ne partage pas leur vision punitive de l’écologie. Leur mauvaise foi actuelle consistant à dire que le Président de la République et le gouvernement ne font rien du tout en matière d’écologie, cette façon d’instrumentaliser la question écologique à des fins uniquement politicienne en prévision des prochaines présidentielles, je la regrette profondément également. Ce n’est pas la bonne manière de traiter ce sujet au combien important.
Pour notre part, du côté de la majorité présidentielle, parfaitement conscients de l’urgence d’agir face à l’enjeu climatique, nous agissons depuis 2017 en faisant le choix de la confiance dans les acteurs de notre société et avec la volonté de leur donner les moyens d’agir. Après les lois sur l’interdiction des hydrocarbures, la loi pour favoriser un logement plus économe en énergie, la loi sur les mobilités, la loi anti-gaspillage, nous venons d’adopter en première lecture le projet de loi climat résilience. Cette loi, issue des travaux de la convention citoyenne pour le climat qui avait été mise en place à la suite du Grand débat, s’inscrit dans notre objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. La philosophie de ce texte repose sur la confiance dans les citoyens, dans les entreprises, les administrations, les associations, les conseils économiques et sociaux des entreprises et sur l’importance de leur donner les moyens et les outils pour relever le défi de la transition écologique. Nous interdisons les passoires thermiques d’ici 2028, nous créons un guichet unique en matière de rénovation énergétique, nous interdisons la création de surfaces commerciales de plus de 10 000 m2, nous fixons l’objectif d’atteindre le zéro artificialisation des sols d’ici 2040, nous généralisons les zones à faible émission de carbone dans les centres-villes, nous élargissons la prime à la conversion à l’acquisition de vélo, nous supprimons le trafic aérien sur les vols internes lorsqu’une alternative ferroviaire existe en moins de 2h30, nous limitons la possibilité d’étendre les aéroports, nous créons le score-carbone sur tous les produits de consommation, nous généralisons l’éducation à l’environnement et au développement durable, nous expérimentons le choix végétarien dans les cantines une fois par semaine, etc. Des mesures nombreuses qui, aux côtés du plan de relance qui consacre 30 milliards d’euros à la transition écologique, vont transformer notre société en profondeur. Il nous faudra les mettre progressivement en œuvre dans les années qui viennent. Avec courage et détermination.
Bien entendu, pour certains, nous n’irons jamais assez loin et ils sont dans leur droit en exprimant cette position. D’autres aussi, à droite il faut bien le dire, pensent que nous allons beaucoup trop vite et sont opposés à tout changement concret. Nous pensons pour notre part que pour réussir la transition écologique il nous faut prendre en compte la réalité de chacun, définir des trajectoires claires et associer chacun aux transformations qui sont devant nous. Ce n’est pas par la contrainte ou l’abandon de notre vie sociale que nous réussirons, ni par le clivage radical et les oppositions politiciennes caricaturales, mais par l’échange, la confiance et l’envie !