Selon l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur, une étudiante sur vingt a été victime de viol et une sur dix d’agression sexuelle. L’enseignement supérieur est malheureusement un milieu propice pour ces violences, en raison notamment de l’alcool et/ou des effets de groupe lors des soirées d’intégration. Les victimes ne sont pas toujours correctement renseignées, accompagnées ni prises en charge. Le hashtag “#sciencesporcs” apparu sur les réseaux sociaux début février a montré que les agissements sont toujours nombreux, qu’ils sont très ancrés dans le temps et que les administrations ne sont toujours pas au niveau pour apporter une réponse appropriée. Il est toujours difficile pour les étudiantes de parler, car elles craignent des répercussions sur leur carrière, avant même que celle-ci n’ait commencé.
Il est urgent que les universités et les grandes écoles changent de culture à propos de la sexualité. Un des moyens les plus efficaces est une meilleure éducation au consentement et au respect. En effet, le Gouvernement a lancé un plan d’envergure pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur, avec le lancement d’une campagne de communication, la mise en place d’une cellule d’accueil et d’écoute dans chaque université, et la formation et la sensibilisation de l’ensemble des agents des CROUS à l’égalité entre les femmes et les hommes
Toutefois, ces actions n’ont visiblement pas été assez loin. Les étudiants se retrouvent dans une situation de vulnérabilité notamment lors de leur arrivée sur les campus. Les trois premiers mois de leur vie d’étudiant constituent une zone rouge, en raison des séminaires d’intégration et des soirées pas forcément bien encadrées. Je constate qu’il y a un écueil en ce qui concerne les établissements privés et qu’il doit y avoir une homogénéisation des politiques.
Retrouvez la vidéo de ma question et la réponse de la Ministre :
Je me réjouis de la réponse de Madame la Ministre de l’enseignement supérieur. Après avoir fait part de son soutien à toutes les victimes de violences sexuelles et sexistes, la Ministre a rappelé les actions engagées par le Gouvernement. La loi fonction publique de 2019 a permis la mise en place de dispositifs de signalement et des cellules d’écoute, aujourd’hui utilisés par 95% des universités. Les violences se déroulent très souvent à l’extérieur des établissements et il leur est donc très difficile d’engager des procédures de discipline et sanctionner ainsi les auteurs des agissements. Un réseau de formation spécialisée a été créé pour proposer des stratégies de prévention lors des weekends d’intégration.
La Ministre a également cité les différentes enquêtes qui ont mis en lumière le fléau des violences sexuelles et sexistes comme « Virage », sur lequel s’est appuyé l’Observatoire pour y intégrer un module spécifique à ce type de violences.
Elle a enfin insisté sur la nécessité d’aller plus loin. A ce titre, l’inspection générale s’est vue confier deux missions et remettra ses conclusions avant l’été pour aborder dans les meilleures conditions possibles la rentrée 2021. En parallèle, les établissements préparent un plan d’action national contre toute forme de discrimination en insistant sur la formation, la professionnalisation des enseignants et la valorisation des actions engagées, grâce à une communication active et une tolérance zéro.