« Si comprendre est impossible, connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer. Les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi », cet avertissement de Primo Levi résonne particulièrement à travers le temps en cette période trouble que nous vivons. Ces dernières semaines, un peu partout à travers le monde, y compris en France de manière insupportable, les actes antisémites se sont multipliés. Tentatives de meurtre, agressions physiques, étoiles de David et croix gammées peintes sur les murs de nos villes, chants haineux, messages d’insulte et d’intimidation, depuis le 7 octobre dernier, plus d’un millier d’actes antisémites ont été commis en France. Chacun de ces gestes, de ces paroles, de ces agressions, de ces dégradations est une blessure indélébile pour nombre de nos concitoyens et une insulte faite à notre histoire, à nos valeurs et à notre République. Notre devoir collectif est de les dénoncer et de poursuivre sans relâche les auteurs de ces faits. Rien ne peut justifier de tels actes ! Aujourd’hui, nous savons jusqu’où l’antisémitisme peut conduire l’homme, jusqu’à la Shoah, jusqu’à la destruction de toute humanité en ce monde. Ne l’oublions jamais et n’ayons de cesse de transmettre aux différentes générations les enseignements de notre passé afin que celui-ci ne se reproduise pas. Pour montrer notre engagement et notre unité à défendre nos valeurs, la Présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le Président du Sénat Gérard Larcher ont appelé à l’organisation d’une grande marche civique contre l’antisémitisme le dimanche 12 novembre à 15h00 entre le palais Bourbon et le palais du Luxembourg. Je m’associe à cet appel et vous invite toutes et tous à y participer.
L’attaque terroriste antisémite sans précédent perpétrée par le Hamas en Israël est constitutive d’un véritable pogrom comme nous n’en avions pas connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : l’indicible a été commis et la condamnation ne doit souffrir d’aucune retenue. Depuis le 7 octobre dernier, les fractures du monde se sont encore accrues et les incertitudes sur son avenir renforcées. Dans cette période, nous devons rester unis autour des valeurs qui fondent notre République et notre vivre ensemble, combattre tous les fanatismes et les obscurantismes, les dérives communautaristes et religieuses auxquelles nous sommes confrontées. Nous devons porter haut et fort les principes de l’universalisme des droits humains et des droits des femmes. C’est pour cela que nous sommes aux côtés du peuple israélien qui est attaché aux valeurs de la démocratie. C’est pour cela que nous défendons la solution à deux États au Proche-Orient, seule solution pour connaître un jour une paix durable dans cette région du monde. C’est pour cela que nous soutenons une trêve humanitaire pour les populations civiles de la bande de Gaza victimes de la guerre entre Israël et le Hamas actuellement. C’est pour cela qu’ailleurs dans le monde nous sommes aux côtés des Ukrainiens, des Arméniens, des Ouïghours, des peuples victimes de l’oppression et des guerres qu’ils n’ont pas voulues, des peuples que nous ne devons pas oublier et continuer à soutenir.
Dans cette période trouble, notre société française doit par ailleurs se réveiller et ne pas oublier les erreurs commises par nos aînés autrefois. Les extrêmes ne représentent à aucun moment une solution d’apaisement pour le monde dans lequel nous vivons. Qu’il s’agisse de l’extrême droite ou de l’extrême gauche radicale, leurs discours ne reposent que sur le repli nationaliste et sur le rejet de l’autre. Des discours dont l’antisémitisme et le racisme sont de part et d’autre le ciment fondateur et fédérateur. Des discours qu’il nous faut continuellement combattre. Ne l’oublions jamais. Ne reproduisons pas les mêmes erreurs que par le passé. Sans être optimistes ou pessimistes, continuons d’œuvrer avec détermination et avec l’exigence de la nuance pour les projets que nous défendons. Nous devons poursuivre notre combat pour la construction européenne, pour la défense des droits humains et le renforcement du modèle démocratique à travers le monde, pour la protection de notre planète et la lutte contre le réchauffement climatique, pour la réduction des inégalités et le partage des richesses, pour l’accès universel à la santé, l’éducation et au progrès.
La colère et la peur ont toujours conduit aux massacres et aux destructions, sachons aujourd’hui faire de notre humanisme une force pacifique de rassemblement et d’avenir. Ensemble, soyons unis contre la haine.