Demain, nos mobilités devront changer. En réalité, elles ont déjà changé. Sur les cinq dernières années, les ménages français ont acquis plus de dix millions de bicyclettes. Ce sont aujourd’hui plus de 700 000 personnes qui effectuent leur trajet domicile-travail à vélo. Bien plus qu’une tendance post-Covid, c’est une véritable « révolution » que nous pouvons mesurer chaque jour sur les pistes cyclables de nos territoires. Mais nous sommes encore loin de l’objectif que nous nous sommes fixé d’atteindre 9% de la part modale en 2024 et 12% en 2030.
Même si les esprits ont changé, le chemin à parcourir est encore conséquent. Il est pourtant nécessaire. Pour des raisons écologiques, d’abord. Les transports représentent plus de 31 % des émissions françaises de GES. Pour des raisons de santé publique et de bien-être, ensuite. Oui, les transports de demain sont une occasion immanquable d’améliorer la santé de nos concitoyens. Si bien que dix kilomètres à vélo par personne par jour génèrent 2 700 euros d’économie de dépenses de santé. Pour des raisons industrielles, enfin. Depuis plus de cinquante ans, nous pensons que notre pays ne peut plus construire ce dont il a besoin. Le secteur des transports est aujourd’hui une formidable opportunité de retrouver notre souveraineté française et européenne. Plus de 100 000 emplois pourraient être créés dans cette filière renaissante dans les décennies à venir.
En somme, les mobilités de demain sont celles d’aujourd’hui et l’idée que des solutions miracles apparaîtraient est un mirage. Les solutions sont là. ll faut donc les développer avec structuration, innovation et volontarisme. Mais il faut aussi les rendre concrètes pour nos concitoyennes et nos concitoyens. Cela implique de pouvoir les rendre accessibles, crédibles, sécurisées, rentables.
Il nous faut permettre à nos concitoyens d’avoir accès à des infrastructures sécurisées, fiables et accessibles. Le deuxième Plan vélo annoncé par la Première ministre Elisabeth Borne en septembre 2022 prévoit l’investissement par l’État de deux milliards d’euros de 2022 à 2027 pour développer les infrastructures, créer des stationnements sécurisés, former et éduquer par le « Savoir rouler », ou encore pérenniser et clarifier les aides à l’achat. Développer ces alternatives concrètes revient donc à les considérer comme de vrais moyens de déplacement, et non plus comme un objet de loisir uniquement.
Il nous faut par ailleurs structurer des filières économiques et industrielles françaises et européennes pour développer ces solutions. Il est aujourd’hui indispensable d’organiser l’innovation autour de ces nouvelles mobilités et de garantir leur compétitivité afin que les produits puissent être produits sur notre territoire. C’est le sens du travail engagé par tous les acteurs économiques du vélo à travers la reconstruction d’une filière globale et ambitieuse.
Il nous faut enfin changer les mentalités et changer nos villes. Disons-le clairement : nous devons réduire la place de l’automobile dans nos villes et des alternatives doivent aussi se développer dans nos territoires ruraux. Pour sortir de l’autosolisme – plus de 40% des déplacements effectués en voiture le sont sur des distances de moins de trois kilomètres – il nous faut adapter nos villes, les rendre plus « marchables » et « cyclables ». Il faudra aussi que les collectivités et les entreprises continuent d’être les acteurs du changement.
Certains considèrent les mobilités de demain comme celles des contraintes. Elles seraient alors seulement le résultat d’une série d’interdictions subies par nos concitoyens. Au contraire, je suis convaincu que ces mobilités sont positives pour notre bien-être et nos modes de vie, qu’elles sont source d’émancipation, de liberté, d’égalité et de solidarité.