Je vous invite à retrouver le détail de notre tribune ci-dessous.
Éducation à la vie affective : un engagement pour l’émancipation et la protection de nos enfants
Nous sommes à un moment décisif. La manière dont nous éduquons les enfants et adolescents à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) détermine la société que nous construisons. Face au fléau des violences sexuelles, à l’exposition toujours plus précoce aux contenus pornographiques et à l’influence des stéréotypes de genre, l’éducation est une réponse nécessaire. C’est tout sauf de la propagande ou de l’idéologie. Ce sont les briques que nous posons pour une culture de l’égalité et du respect.
Que voulons-nous pour nos enfants ? Qu’ils grandissent dans l’ignorance ou qu’ils soient outillés pour comprendre, se respecter et se protéger ? Chaque jour, des victimes — souvent des enfants et des adolescents — subissent le poids de nos défaillances éducatives : agressions, harcèlement, violences psychologiques, physiques ou sexuelles.
Ne nous leurrons pas : la nature a horreur du vide. Ce que nous refusons de transmettre par l’éducation scolaire est comblé par d’autres influences, et pas toujours les meilleures. Aujourd’hui, ce sont les contenus pornographiques qui s’imposent comme le premier vecteur d’éducation sexuelle de nos adolescents. Ils transmettent des représentations erronées, violentes et stéréotypées des relations.
Or, en l’absence de cadres clairs et structurés, ces images deviennent des références. Les études sont nombreuses à le démontrer. La solution ? Remplir ce vide éducatif par un programme progressif, complet et adapté aux réalités des jeunes.
Le programme que nous avons construit n’a rien d’idéologique : il est pragmatique et concret. De la maternelle au lycée, il suit les étapes du développement de l’enfant et de l’adolescent.
À la maternelle, il s’agit d’enseigner aux enfants la notion de consentement, savoir dire non et faire respecter le non, d’évoquer leurs émotions et de respecter leur intimité. À l’école élémentaire, nous approfondissons ces notions, introduisant la diversité des sentiments et des structures familiales, tout en luttant contre les stéréotypes qui contreviennent à l’égalité entre les femmes et les hommes.
En classe de 4e, nous plongeons dans les réalités physiologiques et émotionnelles de la sexualité, en abordant tant l’amour que la reproduction. Nous parlons de santé sexuelle, des douleurs gynécologiques, de la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), ainsi que de la responsabilité d’effectuer des choix éclairés. En 3e, les élèves doivent apprendre à reconnaître les violences. Il est clairement affirmé que les victimes ne sont jamais responsables des violences qu’elles subissent.
Passons au lycée. C’est là que le programme prend toute son ampleur. Les enjeux contemporains sont abordés, comme l’impact des réseaux sociaux sur l’image et l’estime de soi, mais aussi la nécessité de développer un rapport responsable à la sexualité. Les adolescents doivent apprendre à gérer leurs émotions et à faire des choix éclairés. De quoi avons-nous peur ? Préférons-nous que nos adolescents soient pollués par des représentations violentes, sexistes et hyper sexualisées ?
Ce programme est une boussole, un outil pour naviguer dans un monde complexe et parfois dangereux.
Un ministre ne devrait jamais contribuer à propager de fausses informations. Surtout pas sur un sujet aussi sensible. Alimenter des fantasmes, surfer sur les inquiétudes des parents, c’est saboter un travail essentiel. Lorsque l’État parle, il doit s’appuyer sur des faits, des études scientifiques et des données solides. Tout autre discours relève de l’irresponsabilité.
Face à l’importance de ce sujet, l’État a un rôle crucial à jouer. Ce n’est pas seulement une question de volonté politique : c’est une obligation envers les générations futures.
Chaque école, chaque classe, chaque enseignant doit pouvoir mettre en œuvre ce programme. Cela suppose de fournir des moyens adaptés, mais aussi de garantir un climat de sérénité autour de son application. Pourtant, certains militent aujourd’hui allant jusqu’à se réjouir que nos enseignants renoncent à enseigner et délivrer des savoirs.
Des attaques infondées, une réponse déterminée
Les opposants à ce programme utilisent des mots comme « théorie du genre » pour semer le doute et la confusion. Cette expression n’est pas inscrite dans le programme ! L’éducation, loin d’être une menace, est le remède à ces fantasmes.
Nous ne devons pas céder à ces pressions. Oui, l’éducation à la vie affective et sexuelle éveille des débats, mais ceux-ci ne doivent pas freiner sa mise en œuvre. Les attaques que subit ce programme ne doivent pas nous détourner de notre objectif : protéger nos jeunes et leur offrir les outils pour devenir des adultes épanouis, respectueux et responsables.
En tant que citoyens, que parents, que responsables politiques, nous nous engageons pour nos enfants et leur avenir.
Cet avenir passe par l’ancrage du respect et de l’égalité, le refus de toute violence, le droit à l’information, la liberté des choix éclairés, l’émancipation, l’affirmation de l’intégrité des corps.