Avec Facebook, Twitter, Telegram, une puissance malfaisante peut désormais susurrer à l’oreille des citoyens de nos pays démocratiques et la menace peut devenir…virale

 Florence Parly, Ministre des Armées lors du lancement du rapport CAPS-IRSEM en septembre 2018

Dans le contexte actuel et notamment face à la crise sociale et économique que nous traversons, il est indispensable que les citoyens, les responsables politiques et les personnalités publiques vérifient systématiquement la fiabilité des informations qui circulent sur le web et notamment les réseaux sociaux.

Une fausse information a 70 % de plus de chance d’être propagée.

Les libertés d’expression et de la presse sont garantes d’une société démocratique. Les médias et les acteurs du numérique ont une responsabilité vis-à-vis des individus qui contribuent à propager des fausses informations.

Les campagnes massives de fausses informations constituent un péril pour notre démocratie pouvant entrainer des évènements tragiques et irréversibles comme des violences ou des représailles basées sur des rumeurs.

• Par exemple, en juillet 2018, en Inde, trois personnes sont mortes victimes de fakes news propagées par SMS, WhatsApp et des plateformes telles que Facebook, Twitter et YouTube.

Ces campagnes peuvent également modifier le cours normal des processus électoraux par l’intermédiaire de faux profils et comptes qui alimentent des fakes news et font « remonter » une fausse information avec plusieurs milliers de partages.

Les conséquences des fakes news sont très lourdes pour nos démocraties, c’est pourquoi une loi contre les fausses informations a définitivement été adoptée fin novembre 2018 en France.

Exemples de déstabilisations lors des campagnes électorales :

• En novembre 2016, l’élection présidentielle américainea été influencée par des intox favorisant le candidat Donald Trump. Des informations mensongères, faisant par exemple allusion à un réseau de pédophiles démocrates ou encore à la candidate Hillary Clinton atteinte d’une grave maladie, ont lourdement pénalisé le camp démocrate.

Néanmoins, la plus grande campagne de déstabilisation contre la candidate Clinton a été une cyberattaque de haut niveau menée par des hackers russes, qui ont réussi à accéder à la boîte mail du directeur de campagne de Hillary Clinton, Jonh Podesta. L’accès à plus de 50 000 emails de Podesta et la fuite d’informations stratégiques ou sensibles, ont considérablement avantagé Donald Trump. L’équipe de campagne de la candidate Clinton ne démentait pas les informations dévoilées par les hackers, mais accusait directement le gouvernement russe et WikiLeaks d’être les responsables de cette cyberattaque pour aider le candidat Trump.

• La campagne du Brexit a également été entachée de fausses rumeurs et même de publications mensongères par certains tabloïds. Le résultat de cette élection de mars 2017 a eu pour conséquence la démission du Premier Ministre David Cameron et la mise en place des négociations longues et complexes entre Bruxelles et Londres pour arriver à un accord pour la sortie effective de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. Cet accord, qui doit être mis en place avant mars 2019, est très critiqué par les membres du Parlement britannique qui ne l’ont même pas encore discuté. L’impasse actuel pourrait-il être surmonté par un second référendum ? Comment mener une deuxième fois une campagne électorale sans qu’elle soit affectée par de fausses informations ?
  
• En France, lors des dernières élections présidentielles, le candidat Emmanuel Macron était particulièrement ciblé par des campagnes de fausses informations, qui ont été « orchestrées depuis la Russie » selon le Ministre Jean-Yves Le Drian. Une des principales campagnes de déstabilisation lors de la présidentielle française a été le #MacronGate. Cette attaque a eu lieu deux heures avant le dernier débat télévisé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Un internaute a posté sur un forum américain deux documents truqués suggérant que Macron détiendrait un compte offshore. Les documents ont rapidement été relayés par plus de 7 000 comptes Twitter, principalement pro-Trump, en utilisant souvent les hashtags #MacronGate et #MacronCacheCash pendant le débat télévisé.

Marine Le Pen elle-même a mentionné l’existence d’un compte caché. Finalement, la rumeur a été discréditée et plusieurs enquêtes journalistiques ont prouvé que ces documents étaient de fausses informations, sans que cela ait eu un impact sur l’électorat français.

Les défis de demain seront de plus en plus complexes avec l’utilisation des réseaux fermés pour propager des fausses informations. Cela a déjà commencé, comme c’était le cas lors de la campagne présidentielle au Brésil, où WhatsApp était le réseau privilégié pour la désinformation.

Alors que les campagnes de déstabilisation et des fausses informations constituent de grands dangers pour nos démocraties, comment pourront les États lutter contre la désinformation sans tomber dans le piège de la contre-propagande ?

Pour aller plus loin :

https://en-marche.fr/desintox

https://www.gouvernement.fr/fake-news-guide-des-questions-a-se-poser-face-a-une-information 

https://club.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2018/09/manipulationsinformationetud@irsem180904.pdf