Monsieur le Président,
Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Aquarius, le navire humanitaire affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a procédé à six opérations de sauvetage et de transbordement. Menées dans des conditions extrêmement difficiles en mer, elles ont permis de porter assistance à 629 personnes. Quelques heures après que l’Aquarius ait reçu des autorités maritimes compétentes l’instruction de faire route vers un port sûr (“port of safety”), la presse faisait état d’une déclaration des autorités italiennes annonçant la « fermeture » des ports italiens.
Depuis lors Malte et l’Italie ont mis à disposition de l’Aquarius des navires pour effectuer le ravitaillement de l’Aquarius et le gouvernement espagnol a annoncé l’ouverture du port de Valence pour accueillir dans les heures qui viennent l’Aquarius et ses passagers. Nous tenons ici à saluer tout particulièrement l’action du gouvernement espagnol qui prend là une décision conforme aux valeurs humanistes qui sont au cœur de notre engagement et qui doivent continuer de guider la construction de l’Union européenne.
Cette situation nous émeut et illustre malheureusement une nouvelle fois la nécessité de nous engager dans une approche nouvelle de la question migratoire : pour un Aquarius, combien comptons-nous d’embarcations de fortune naufragées ?
Le défi migratoire et les enjeux humanitaires qui en découlent appellent davantage que des initiatives providentielles et ponctuelles, si nécessaires qu’elles soient. Ils appellent une véritable coordination et solidarité entre les pays de l’Union européenne comme avec les pays d’origine de ces flux.
La France, pays dont la tradition d’accueil et les valeurs républicaines font son honneur, ne peut rester silencieuse devant le drame humain qui s’opère dans la Méditerranée. De tout temps, notre pays a su porter d’une voix singulière sur la scène internationale ses valeurs et sa devise : liberté, égalité, fraternité.
Aujourd’hui plus que jamais, alors que la France entend être le fer de lance d’une ambition européenne renouvelée, elle doit jouer tout son rôle et prendre ses responsabilités avec ses partenaires européens pour construire des solutions collectives durables au drame méditerranéen.
La France agit et a accueilli 100 000 demandeurs d’asile en 2017. Mais le défi migratoire ne se résoudra qu’à plusieurs : à la refonte de nos politiques intérieures d’accueil et d’intégration doit répondre maintenant une ambition collective et européenne. Il est temps de nous doter d’une réelle politique migratoire européenne et la France doit être moteur dans sa construction.
Monsieur le Président de la République, nous, élus de la Nation, voulons ainsi aujourd’hui vous témoigner de notre plein soutien aux actions et initiatives que vous lancerez au niveau européen pour répondre à cette urgence et redonner espoir là où il n’y en a plus.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération la plus respectueuse.
La presse en parle : Polémique autour du silence de la France sur la situation du bateau humanitaire « Aquarius »