Simone Veil vient de rentrer au Panthéon. Elle est la cinquième femme et la première déportée à y reposer pour l’éternité. Ce moment est d’une force particulière. Une émotion nous traverse chacune et chacun. Nous sommes interpellés sur notre passé, sur notre société d’aujourd’hui et les défis à venir. Nous cherchons dans cette figure des repères pour nous aider à mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et pour préciser notre action. Qu’aurait pensé Simone Veil des crises que nous vivons actuellement ? L’action que nous menons est-elle respectueuse des valeurs défendues par cette grande dame durant plus d’un demi-siècle ?
Ces dernières semaines la crise migratoire à laquelle nous sommes confrontés a révélé certaines des divisions fortes qui existent entre les pays de l’Union européenne. Cela était prévisible. Tout est parti d’un navire, l’Aquarius, qui mène depuis plusieurs années des missions de sauvetage des migrants en Méditerranée et qui s’est vu refuser l’accès aux ports italiens. Tout est parti d’un silence face au drame qui se jouait en Méditerranée et de l’incapacité de l’Europe à apporter une solution collective. Tout cela a conduit à un renforcement du pôle conservateur et xénophobe européen qu’il nous faut combattre. Plus que jamais, ces dernières semaines nous invitent à nous poser la question de l’Europe que nous voulons construire et des valeurs que nous voulons porter collectivement. Cette réflexion animera l’année à venir, marquée par les élections européennes du dimanche 26 mai 2019.
Je souhaite – et je me battrai pour – que notre Europe soit ouverte sur le monde et l’avenir, tolérante et progressiste, responsable écologiquement et solidaire. C’est le chemin que nous devons prendre si nous voulons construire une Europe prospère.
Dans la construction de cette Europe, nous devrons être tout particulièrement attentifs à la protection des droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce combat est un combat de tous les instants tant nos sociétés ont du retard et les injustices sont ancrées. Nous en avons fait la grande cause de ce quinquennat. Nous devons maintenant en faire un des grands sujets de l’élection européenne et du projet que nous voulons porter pour l’Union européenne. A titre d’exemple, il n’est pas acceptable que le droit à l’avortement – le droit à disposer de son corps – soit aujourd’hui interdit ou remis en cause par certains gouvernements européens. Il n’est pas acceptable non plus que les inégalités salariales, politiques, sociales, culturelles ou sportives demeurent sur notre continent. L’Europe ne se fera pas sans les femmes, et ne pourra prendre tout son sens que quand ces inégalités auront cessé.
Par ailleurs, nous ne devons pas rater le défi de la lutte contre les inégalités et la double transition énergétique et numérique.
La lutte contre les inégalités d’abord devra passer par l’harmonisation sociale par le haut, par la protection sociale universelle, par la mise en place de critères partagés de salaires minimum, mais aussi par la construction d’une culture commune de la formation professionnelle tout au long de la vie. Ensuite la double transition énergétique et numérique nous invite à repenser nos sociétés, nos villes, notre démocratie au quotidien, notre tissu universitaire et économique. L’Europe doit prendre la tête de cette double transition en y apportant sa vigilance éthique, son attention toute particulière à la conciliation entre progrès technique/technologique et respect des droits humains. Divisés, nous n’irons pas loin. Ensemble, nous construirons le monde de demain.
Ces mots je les écris quelques jours après l’entrée au Panthéon de Simone Veil. Je suis convaincu que les combats qu’elle a portés sont, plus que jamais, d’actualité. Je suis persuadé que dans l’année qui vient, nous aurons des décisions importantes à prendre et des combats politiques à porter. L’Europe dont je rêve n’est pas un chapelet de nationalismes. L’Europe que nous devons construire ensemble doit être progressiste, écologique, ouverte sur le monde et fédératrice. Les prochaines élections européennes nous concerneront toutes et tous, ainsi que les générations à venir. Pour ce magnifique projet, engageons-nous avec détermination et convictions dès maintenant ! N’oublions jamais notre passé, vivons le temps présent sans remord, et préparons l’avenir avec une confiance inébranlable.