TRIBUNE – Alors que le nouveau rapport du GIEC apporte aux gouvernements les preuves scientifiques de la nécessité d’accélérer sans plus attendre leurs actions climatiques pour limiter la hausse de la température d’1,5°C d’ici la fin du siècle, la France doit négocier le 9 octobre prochain avec les autres Etats membres de l’Union Européenne au sujet d’une réglementation déterminante pour le respect des engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris.
L’Union européenne élabore actuellement les nouvelles normes d’émissions de CO2 des véhicules légers qui seront fixées à partir de 2020 et d’ici à 2030. Seuls des objectifs de réduction ambitieux et contraignants permettront de réduire drastiquement les émissions du transport, qui reste le premier secteur émetteur de CO2 au niveau européen, et qui constitue également une importante source de pollution atmosphérique, responsable du décès prématuré de plus de 430 000 personnes chaque année sur le continent.
Aujourd’hui, l’industrie automobile européenne produit une offre en véhicules propres encore trop modeste face aux défis qui nous préoccupent tous, prenant le risque de manquer sa mue écologique, comme d’autres fleurons industriels ont raté le tournant de la photographie numérique. Le politique ne peut laisser cette industrie importante manquer ce grand rendez-vous de l’histoire.
L’accord pragmatique scellé au Parlement européen le 3 octobre vient relever les propositions très décevantes de la Commission européenne en actant une réduction de 40% en 2030, associés à un malus pour les constructeurs qui ne mettent pas sur le marché suffisamment de voitures à faibles émissions.
Mais à la veille d’un Conseil décisif au niveau européen, certains aimeraient que la France concède aux constructeurs automobiles une baisse des objectifs de réduction en échange de nouvelles annonces sur la mise sur le marché de nouveaux modèles électriques. S’il en était ainsi, cela marquerait un recul par rapport aux positions portées par la France jusqu’alors dans la perspective de la fin des ventes de véhicules essence et diesel d’ici 2040.
Ce revirement viendrait remettre en cause toute dynamique plus ambitieuse au niveau européen. Se rapprocher des pays les plus conservateurs et notamment de l’Allemagne, qui vient elle-même de conclure son propre deal avec son industrie automobile, échangeant un abaissement des normes européennes contre une amélioration très incertaine des véhicules polluants issus du “dieselgate” serait vécu comme une nouvelle concession au détriment du climat et de la santé.
La France, qui se positionne en tant que gardienne de l’accord de Paris au niveau international, devrait au contraire faire le choix de l’avenir, en tirant vers le haut les négociations au sein des Etats membres de l’UE, et ainsi donner un signal positif pour le futur de l’industrie automobile et du transport européens, tel qu’a pu le faire le Parlement européen cette semaine.”
Les signataires :
Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire
Damien Adam, député de Seine-Maritime
Jean-François Césarini, député du Vaucluse
Jean-Charles Colas-Roy, député de l’Isère
Jennifer De Temmerman, députée du Nord
Marc Delatte, député de l’Aisne
Guillaume Gouffier-Cha, député du Val-de-Marne
François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône
Sandrine Le Feur, députée du Finistère
Sophie Panonacle, députée de Gironde
Barbara Pompili, députée de la Somme
Véronique Riotton, députée de Haute-Savoie
Nathalie Sarles, députée de la Loire
Huguette Tiegna, députée du Lot
Frédérique Tuffnell, députée de Charente-Maritime
Jean-Marc Zulesi, député des Bouches du Rhône
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