Les crises s’ajoutent aux crises. Les fractures géopolitiques, les tensions religieuses, les inégalités économiques et sociales s’accroissent dans un environnement de plus en plus dégradé. Nos sociétés, de plus en plus individualistes, sont frappées par la solitude et le sentiment d’abandon d’un nombre important de nos concitoyens. Les temps s’accélèrent et la perte de sens que nous pouvons donner à nos vies avec. Il faut entendre le cri sourd qui se cache derrière l’explosion de colère que nous avons connue ces dernières semaines dans tous les territoires de notre pays. Il n’est pas uniquement question de pouvoir d’achat. Il est question de vie.
Une certaine inquiétude m’envahit en ce début d’année. Il me paraît nécessaire de la partager, d’en chercher les causes et d’y apporter collectivement des solutions. L’époque que nous vivons ne doit pas se traduire par un repli sur soi mais par davantage de communication et de partage, quelle qu’en soit la forme. Est-ce que la situation que nous vivons relève de la faute du président de la République, du Gouvernement, des parlementaires, des élus locaux, des corps intermédiaires ou de notre organisation administrative ? Je ne le pense pas. Notre pays a son histoire, des valeurs fortes, humanistes et généreuses. Il a des représentants élus démocratiquement qui sont au service de l’intérêt général. Il a aussi une structure étatique solide qui a toujours su faire face aux aléas et une organisation sociale et solidaire parmi les plus développées du monde. Dans combien d’autres pays a-t-on accès à l’éducation, aux soins, à la culture ou à la retraite de manière universelle ? Dans combien d’autres pays porte-t-on une telle attention à la qualité et à la protection des services publics ? Ce système, nous le finançons collectivement. Il est notre plus grande richesse et nous devons nous battre pour le préserver. Pour le proroger, nous devons aussi avoir le courage de le moderniser.
Les défis qui sont devant nous sont importants, là est la réalité. Et les inquiétudes face aux changements qui en découlent sont normales. D’une certaine manière, qui n’est pas effrayé par le changement ? Le réchauffement climatique, la révolution numérique et ses conséquences sur la sociabilité, le vieillissement de nos populations, les évolutions migratoires et l’accueil de personnes qui ont fui leur pays car ne pouvant plus y vivre, la modernisation de nos industries et de nos activités économiques dans un monde qui est aujourd’hui mondialisé, qu’on le veuille ou non, la réduction des inégalités à travers le monde et la défense des droits humains, etc. Ces défis sont de taille. Et ce n’est pas en cédant à la peur, ni en désignant des boucs émissaires ou en rejetant la faute sur les différents gouvernements qui se sont succédés, que nous arriverons à les relever.
La réalité est qu’il s’agit d’une responsabilité collective qu’il nous faut arrêter de fuir. Il nous appartient à toutes et à tous de participer à la construction des solutions permettant de les relever. Il nous appartient à toutes et à tous de participer à leur application.
Cela ne pourra se faire qu’en étant conscient des valeurs que nous portons collectivement. Les valeurs qui font la solidité de notre société. La démocratie, la liberté, l’égalité, la fraternité. Des valeurs qu’il nous faut non pas brader au profit de l’individualisme consumériste mais qu’il nous faut défendre et approfondir. Des valeurs qu’il nous faut porter individuellement et collectivement. Sans quoi il n’y aura pas d’avenir commun possible, tout simplement.
Il nous faut approfondir notre démocratie en renforçant la séparation des pouvoirs et le rôle du parlement, en créant de véritables instances participatives ouvertes à tous les citoyens. Nous devons sortir de notre système démocratique vertical et passif. Il nous faut aller vers plus d’horizontalité et associer l’ensembles des corps intermédiaires à la construction des politiques publiques. J’ai une conviction, celle que l’expression politique des Françaises et des Français peut se dérouler ailleurs que sur des ronds-points ou dans la rue. Il nous faut nous en donner les moyens. Nous ne devons plus être enfermés dans le dogme du scrutin majoritaire et aller vers la recherche permanente de l’acceptabilité la plus importante des décisions qui sont prises.
Il nous faut toujours protéger la liberté. Il s’agit là d’un combat permanent. Qu’il s’agisse de la liberté d’expression et de la presse, d’aller et venir, de posséder ou non, de croire ou de ne pas croire, de vivre et d’aimer. Notre liberté ne doit souffrir d’aucune atteinte ou tentative de restriction.
Il nous faut toujours lutter pour l’égalité. Pour que chacune et chacun ait les mêmes libertés, les mêmes droits juridiques, les mêmes obligations, le même accès aux services publics, à l’éducation, aux soins, à la culture, au sport, au bien-être.
Nous devons revivifier la fraternité, dépasser les égos et nous rappeler les raisons qui nous poussent à faire société ensemble. Nous devons nous rappeler que sans le respect de son prochain, de ce qu’il est et de qu’il pense, sans acceptation de la différence et de la diversité il n’y a point d’avenir possible pour notre société.
Les défis qui sont devant nous réclament non pas de sombrer dans l’individualisme et la violence, dans l’autoritarisme ou l’anarchie, mais bien de faire vivre au quotidien ces valeurs qui sont celles de la République dans laquelle nous vivons. Des valeurs indissociables qui nous ont toujours permis d’aller de l’avant. Des valeurs dont nous pouvons être fiers. C’est sur ces valeurs que nous devons nous appuyer en 2019 pour construire notre société de demain. C’est en s’appuyant sur elles que nous réduirons les inégalités et que nous renforcerons notre vivre ensemble. C’est en s’appuyant sur elles que la France sera utile à l’Union européenne et à l’humanité. N’oublions jamais cela et portons-les avec conviction en 2019.