Le Grenelle des violences conjugales a permis d’insister sur la réalité multiforme des violences conjugales. Une victime de violences conjugales n’est pas qu’une personne battue. C’est une personne qui est assaillie au quotidien par de nombreuses violences. Aux côtés des violences physiques, il y a les violences psychologiques, avec notamment les pressions sur la famille, le cyber harcèlement, les violences administratives, et les violences économiques.
Les violences économiques faites aux femmes sont une dimension encore mal connue, car elles ne sont pas visibles. C’est souvent un des premiers éléments dans la construction de l’emprise de l’auteur des violences sur la victime.
Les violences économiques prennent deux formes principalement :
Concrètement cela se traduit par le contrôle financier des achats, des revenus, des ponctions dans les ressources, voire la dilapidation des actifs, l’endettement, et le surendettement. Le non-paiement de la pension alimentaire également. Elles ont des conséquences dans la durée, même après la séparation. La mise en œuvre de ces violences s’appuie sur des constructions stéréotypées : les femmes ne savent pas gérer un budget, achètent à tort et à travers, ne savent rien en finances, etc.
La convention d’Istanbul définit les violences faites aux femmes en intégrant dans la définition les violences économiques. Elle encourage le secteur privé à participer à la définition et la mise en place de démarches pour accompagner les femmes victimes de violences.
L’ensemble des participants s’accorde sur le besoin de définir dans la loi française les violences économiques, en s’inspirant de la convention d’Istanbul, et d’inscrire les violences économiques dans le code pénal. Ce délit doit être pris en compte par le système judiciaire
Il s’agit d’un phénomène de grande ampleur, mais peu documenté.
Parmi les personnes appelant le 3919, au moins 21% des femmes font spécifiquement état de violences économiques en 2018 qui se traduisent :
Je me permets de faire l’hypothèse que ces chiffres sont grandement sous-estimés par rapport à la réalité : les femmes ne sont pas forcément conscientes des violences économiques, qui sont insidieuses et protéiformes. Pour exemple, dans les CHRS qui accueillent les femmes victimes de violences conjugales, 60% sont au chômage.
Nous avons commencé à agir dans les précédentes lois de la mandature pour accompagner les victimes de violences également sur les questions économiques.
pour information, deux outils pour lutter contre les violences économiques ont été développés par le Centre Hubertine Auclert :
Mais il reste beaucoup à faire. Les tables rondes suivantes ont proposé des solutions pour accompagner les victimes. Encourager les bonnes pratiques bancaires, le recours à un notaire, développer les aides financières pour les femmes qui quittent l’agresseur, repenser la fiscalité des pensions alimentaires, etc. L’ensemble des participants s’accordent sur l’enjeu de la sensibilisation dès le plus jeune âge, et de la communication sur ces questions, pour sortir les violences économiques. Les actes du colloque seront particulièrement riches.