Voici la lettre de mission que me confie le premier Ministre.
Objet : Mission parlementaire sur la filière économique du vélo
Monsieur le Député,
Le plan vélo et mobilités actives du gouvernement annoncé le 14 septembre 2018 a pour objectif de tripler la part du vélo en France pour atteindre 9 % en 2024. Depuis son lancement, de nombreuses avancées ont été réalisées afin que le vélo devienne un mode de transport à part entière. La loi d’orientation des mobilités a ainsi permis la création du fonds mobilités actives, doté de 350 M€ sur 7 ans, et depuis 2017 ce sont ainsi plus de 12 000 km d’aménagements cyclables en site propre qui ont été ouverts, soit une augmentation de plus de 30%. La crise sanitaire que nous avons traversée a accru cette dynamique avec notamment le déploiement de pistes cyclables temporaires et de nombreux français se sont durablement engagés dans cette pratique, grâce notamment au dispositif « coup de pouce vélo » qui a permis la réparation de presque 2 millions de vélos pendant cette période.
Au-delà d’une réponse aux enjeux de transition écologique, de santé publique, de pouvoir d’achat, le développement du vélo et de sa filière représente également un secteur économique prometteur et un pilier nécessaire à la consolidation de l’essor de cet usage.
Ainsi l’étude « Impact économique du vélo et potentiel de développement des usages du vélo en France » (DGE, DGITM, ADEME de 2020) estime à 78 000 emplois directs dans le vélo (tous secteurs confondus, de la fabrication, au tourisme en passant par la réparation). L’étude identifie un potentiel de 150 000 à 270 000 emplois à l’horizon 2030.
Plus concrètement, le marché du cycle a été marqué depuis plusieurs années et singulièrement en 2020 par une croissance importante du marché du vélo en valeur. Le vélo à assistance électrique tire le marché vers le haut avec des ventes multipliées par 5 en 5 ans, hausse qui profite en premier lieu aux détaillants spécialisés.
Pour autant, selon Business France, l’essor du marché du vélo en France ne bénéficie pas encore pleinement à son industrie. Les perspectives du marché du vélo, que ce soit en valeur ou en volume, sont très positives sur les années à venir puisque les estimations à l’échelle européenne tablent sur un marché annuel de 30 millions de vélos d’ici 2030.
En termes de volumes, en 2020 la production française de vélos a atteint 660 000 unités, contre presque 3 millions de vélos fabriqués au Portugal. Ce pays produisait en 2010 le même volume de vélos que la France aujourd’hui.
Nous partageons l’idée que la production sur le territoire français doit être renforcée. L’éco-système du vélo est relativement dynamique dans notre pays. Il existe de nombreuses associations d’usagers, d’élus, de professionnels, des salons professionnels, des organismes de formation aux métiers du cycle, des clusters d’innovation … Pour autant, le secteur économique du vélo est souvent perçu comme un secteur anecdotique, parcellisé et à faible valeur ajoutée.
A cette fin votre mission s’attachera en particulier à établir un état des lieux des forces et faiblesses de l’industrie du vélo en France en y incluant la fabrication des vélos et des pièces détachées mais aussi le secteur de la vente et réparation très pourvoyeur d’emploi et des services (locations, start up du numérique, cyclo logistique…).
Les axes suivants pourront en particulier être approfondis : l’identification des leviers qui permettront d’augmenter l’industrialisation en France et de re-créer de la valeur ajoutée sur le territoire, avec des stratégies d’innovation à faire émerger et des perspectives d’exportation sur un marché européen et mondial en forte croissance ; l’identification des perspectives et besoins en matière d’emploi et de formation sur l’ensemble de cette filière économique mais aussi des territoires les plus propices à cette relocalisation pourra être faite ; la valorisation des synergies avec les autres secteurs économiques du vélo, notamment le tourisme ou le sport de haut niveau ; la valorisation du caractère positif de la filière en termes de recyclabilité, de transition écologique, d’insertion par l’emploi devra également être investiguée.
Il vous est ainsi proposé de mener un travail de réflexion et de concertation, avec l’ensemble des acteurs concernés. Vous bénéficierez pour cette mission, notamment, de l’appui technique du Conseil général de l’environnement et du développement durable et de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer.
Vous veillerez à élaborer vos recommandations dans le respect des règles d’indépendance, d’impartialité et d’objectivité qui s’imposent au titre de la loi n°2017-907 du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique, et à m’informer des éventuelles mesures prises à cet effet.
Un décret vous nommera, en application de l’article L.O. 144 du code électoral, parlementaire en mission auprès de Mme Barbara POMPILI, ministre de la Transition Ecologique, de M. Jean-Baptiste DJEBBARI, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des Transports, de M. Bruno LE MAIRE, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance et de Mme Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre déléguée chargée de l’Industrie.
Vous veillerez à leur présenter des points d’étape réguliers et à rendre votre rapport dans un délai de 3 mois.
Je vous prie de croire, Monsieur le Député, à l’assurance de mes salutations les meilleurs.
Jean CASTEX
Retrouvez le communiqué de presse du gouvernement.