Le Gouvernement a présenté le lundi 15 novembre 2021 un plan interministériel contre la prostitution des mineurs, véritable fléau toutefois peu connu, touchent des enfants de plus en plus jeunes. En effet, entre 7 000 et 10 000 jeunes seraient concernés, dans la majorité des jeunes filles âgées entre 15 et 17 ans. Ces mineurs, issus de tout milieu social ont souvent en commun d’avoir été victimes ou confrontés à la violence notamment intrafamiliale avant d’entrer dans le système prostitutionnel.
Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles a confié en 2020 à Catherine Champrenault, procureure générale près de la Cour d’appel de Pairs, la présidence d’un groupe de travail sur le sujet. C’est sur les bases de ce travail collectif que le plan interministériel a été présenté afin de comprendre, prévenir et combattre ce phénomène destructeur pour des milliers de jeunes. Les objectifs principaux recherchés sont de mieux repérer les enfants victimes, les accompagner dans une reconstruction de leur parcours de vie et de mieux réprimer les clients ainsi que les proxénètes.
Un plan de 14 millions d’euros déployé dans les neuf prochains mois afin de comprendre, prévenir et combattre la prostitution des mineurs
Le plan est organisé autour de cinq priorités et de treize actions.
- Créer sur l’ensemble du territoire des espaces d’information et d’échange à destination des mineurs et de leur famille : plateforme d’écoute unique, mailler le territoire d’associations spécialisées pour accompagner les familles, intervention et sensibilisation dans les écoles lors des cours d’éducation à la sexualité et les établissements de l’Aide sociale à l’enfance ;
- Financer une recherche-action pluridisciplinaire pour mieux comprendre les phénomènes de prostitution infantile, financer des enquêtes spécifiques ;
- Développer la formation des professionnels afin de créer une culture commune ;
- Améliorer le repérage et le signalement des mineurs dans les établissements scolaires, dans les lieux de santé, etc. ;
- Financer des maraudes numériques et renforcer sur les réseaux sociaux les procédures de repérage, de modération et de signalement des situations prostitutionnelles ;
- Optimiser la prise en charge des fugues par les professionnels ;
- Reconnaitre aux mineurs en situation prostitutionnelle, le statut de mineur en danger relavant ainsi, du champ de protection de l’enfance ;
- Créer un dispositif d’accompagnement et d’hébergement dans chaque département ;
- Garantir aux mineurs un parcours de soins spécialisés ;
- Désigner un magistrat référent dans chaque tribunal ;
- Renforcer la mobilisation des services d’enquête dans la cyber-criminalité ;
- Formaliser la coopération judiciaire auprès des plateformes d’hébergement locatif.
La prostitution infantile est une réalité complexe et plurielle sur laquelle nous devons ouvrir les yeux et combattre. Il s’agit d’un phénomène en expansion qui doit nous interroger. Ces jeunes prostitués ne veulent pas entendre le danger moral et physique qu’ils subissent au quotidien. Notre devoir est de les aider.
Pour aller plus loin : lire le rapport du groupe de travail