Plage de la “Porte du non-retour” à Ouidah (lieu de mémorial) 

Carnet de législature #6

Février 2023

Depuis cette plage on se perd dans le calme. Pas un bruit, si ce n’est celui du vent et des vagues. Peu de monde, si ce n’est la présence de quelques promeneurs et de vendeurs de produits locaux. Depuis ce bout de terre, l’une des histoires les plus atroces de l’humanité s’est en partie écrite : celle de la traite des Noirs.

Ce lieu est aujourd’hui un appel à ne jamais oublier ce passé et ces millions de femmes et d’hommes réduits à l’esclavage et déportés, ne jamais oublier ces millions de personnes qui furent victimes pendant plusieurs siècles de l’horreur et de la haine. Nous devons continuer à combattre tous les systèmes de traites humaines qui existent aujourd’hui encore dans le monde. Nous sommes ici à Ouidah, sur la dernière étape du chemin des esclavisés, ultime étape de mon déplacement au Bénin du 29 janvier au 4 février 2023 avec mes collègues Michèle Peyron et Charlotte Goesthy-Bolognese dans le cadre de l’étude du fonctionnement du Fonds Français Muskoka.

Engagé depuis de nombreuses années pour la défense des droits sexuels et reproductifs, en France et dans le monde, Vice-président de la Délégation aux droits des femmes, j’ai participé à ce déplacement conjointement organisé par le ministères de l’Europe et des affaires étrangères, l’UNICEF, l’OMS, l’UNFPA et ONU Femmes pour observer sur le terrain le fonctionnement du Fonds Français Muskoka qui vise à améliorer la santé des femmes, des nouveau-nés, des enfants et des adolescents en Afrique de l’Ouest et centrale depuis 2010. Au contact des professionnels de santé et des populations, nous avons pu constater avec mes collègues le bon fonctionnement de ce dispositif. Il est le succès d’une approche coordonnée avec les différents acteurs présents dans le pays : organisations internationales, gouvernement, sociétés civiles, communautés.

Je retiens des nombreuses rencontres, échanges et visites que nous avons eus, l’importance de renforcer le plus rapidement possible notre politique de développement dans des pays qui sont aujourd’hui confrontés à un enchevêtrement des crises : conséquences accélérées du réchauffement climatique, développement de l’influence des organisations terroristes, explosion démographique.

Notre action collective auprès des populations les plus vulnérables pour améliorer leur accès à l’eau, à la santé, à l’éducation ou encore à l’emploi doit être amplifiée. Notre rôle pour promouvoir et rendre concrets les droits des femmes, et l’égalité entre les femmes et les hommes, partout dans le monde doit être assumé. Notre ambition de permettre que chaque pays que nous aidons puisse s’approprier ces actions, avec les différentes communautés, doit être mis en œuvre. Aussi, j’appelle de mes vœux à la préparation dès aujourd’hui d’une nouvelle loi de programmation sur l’aide publique au développement qui couvrirait pour les dix années à venir les priorités françaises et leur mise en œuvre. Ces sujets ne peuvent, par ailleurs, demeurer absent plus longtemps de nos débats politiques et publics en France et en Europe. Il y a une urgence vitale à agir. Je reviendrai plus en détail sur les enseignements et les actions à tirer de ce déplacement dans un prochain article.

Cette terre rouge, je ne l’oublierai jamais. Ces regards, ces sourires, ces parcours de vie, ces voix m’ont marqué. Les projets, les actions, les initiatives citoyennes qui nous ont été présentés demeureront une source d’inspiration. Je suis tout particulièrement admiratif de ces lycéennes qui sensibilisent leurs camarades sur les menstruations, de ces jeunes activistes qui déploient au quotidien une énergie folle pour changer leur société, de ces sage-femmes à l’hymne si bouleversant et à l’action si puissante, à ce ministre de la Santé gynécologue, Benjamin Hounkpatin, qui se bat avec détermination pour l’élargissement de l’accès à l’avortement dans son pays. Et de tant d’autres qui se battent au quotidien pour changer et sauver les vies de millions de femmes et d’enfants, pour donner des espoirs et un avenir à tant de personnes, et au fond à l’humanité tout entière.

Je profite enfin de ces quelques lignes pour remercier très chaleureusement Florence Gall qui m’a accompagné depuis le tout premier jour de la campagne des législatives de 2017 comme directrice de campagne jusqu’à ce 31 janvier 2023 en tant que directrice de cabinet. Au-delà de son professionnalisme et de tout le travail accompli à mes côtés, je tiens à saluer les valeurs portées par Florence, les convictions profondément humanistes qui l’animent et qu’elle nous partage au quotidien.

A l’amie, je tiens à adresser mes encouragements les plus enthousiastes pour la suite, à commencer par son engagement pour développer le vélo dans tous les territoires et construire la filière des acteurs économiques du vélo en France. Nous aurons vécu de très grands moments au cours de ces six dernières années. Merci pour tout Florence.