Ce mardi 9 mai 2023, journée de l’Europe, nous devions nous retrouver à l’atelier législatif pour célébrer notre Europe, cette construction pacifiste basée sur la paix, la liberté et l’humanisme.
Nous devions nous y retrouver pour parler de nos combats pour la défense pour l’égalité des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, de notre travail pour la reconnaissance du droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, de tous ces combats que nous menons actuellement, alors même qu’ils sont chaque jour un peu plus attaqués par les mouvements conservateurs et d’extrême-droite. Nous devions. Nous n’avons pas pu. Faute de pouvoir garantir la sécurité des participants et des riverains, dans et autour de la permanence, en raison de l’organisation d’une manifestation non déclarée et sans responsable identifié, nous avons été contraints d’annuler le temps d’échanges que nous avions prévu avec la Secrétaire d’Etat et députée européenne, Chrysoula Zacharopoulou. Une décision que je regrette et qui en dit long sur l’époque que nous vivons.
Que des opinions diverses et des débats puissent s’exprimer est nécessaire et essentiel, il s’agit même du fondement de toute démocratie. Et il est parfaitement normal que chaque citoyen puisse exprimer ouvertement ses désaccords avec les décisions politiques que nous prenons. Mais les violences, les dégradations, les intimidations et les obstructions ne sont pas acceptables. Les attaques envers nos institutions et toutes les tentatives de déstabilisation ou de décrédibilisation non plus.
L’époque que nous vivons est propice à l’expression des fausses informations, de la rumeur, des propos haineux et complotistes, racistes, antisémites ou misogynes sans que plus personne ne s’en émeuve réellement, sans que plus grand monde n’agisse pour contrer la montée de ces mouvements que notre pays a déjà connu par le passé. Les populistes font leur jeu de cette passivité citoyenne et médiatique, et en premier lieu l’extrême-droite qui profite de la situation pour chercher à se banaliser. Ne nous trompons pas un seul instant : si le Front national a changé de nom, il n’a en aucun cas évolué dans ses valeurs. Nationaliste, profondément anti-européen, ce parti xénophobe demeure celui de toutes les haines basées sur le rejet de l’autre et de tous les conservatismes, en premier lieu vis-à-vis des droits des femmes. Deux choses ont aujourd’hui changé. Sa volonté affichée de conquérir le pouvoir pour mettre en œuvre son programme anti-républicain et l’insouciance d’une partie importante de notre société à son égard. Aussi, ne reproduisons pas les mêmes erreurs que par le passé. C’est aujourd’hui et maintenant que nous devons nous mobiliser pour défendre les valeurs de notre République. Dans quelques années, je vous le dis, il sera trop tard. La manifestation de l’extrême-droite à Paris début mai et les attaques graves commises à l’encontre du maire de Saint-Brévin Yannick Morez qui l’ont conduit à démissionner sont des événements qui doivent toutes et tous nous alerter fortement aujourd’hui.
Cependant, la période que nous vivons ne doit en rien nous décourager. Au contraire, nous, républicains et démocrates, sommes les garants de l’altérité et du débat. C’est en agissant avec cette responsabilité que nous relèverons ce défi. Cette période doit nous appeler à encore davantage nous mobiliser pour porter nos combats. C’est ce que nous faisons en travaillant pour la reconnaissance du droit à l’avortement dans notre Constitution et dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, en nous battant pour son égal accès à toutes les femmes, partout. J’ai eu l’occasion de le rappeler le 9 mai lors des questions d’actualité au Gouvernement. C’est ce que nous faisons en défendant les droits humains en France et partout à travers le monde.
C’est d’ailleurs pour cela que je dépose ce mois-ci une proposition de loi visant à renforcer l’application de la compétence universelle sur le territoire français. Les dispositions de cette loi doivent permettre à la justice française de poursuivre les criminels de guerre étrangers, notamment les dignitaires des régimes Syrien, Iranien et Russe. C’est ce que nous faisons en continuant de lutter contre les inégalités qui existent dans notre société en lançant les travaux sur la mise en place de la solidarité à la source, en renforçant nos services publics, notamment l’Éducation nationale, la justice et la sécurité, les transports, en luttant contre les injustices avec une intensification de la lutte contre la fraude fiscale. C’est ce que nous faisons lorsque nous assumons d’accélérer la transition écologique et énergétique de notre société, la réindustrialisation de notre pays aussi. Alors même que nous célébrons ce mois-ci le vélo à travers l’opération « Mai à vélo », la présentation du nouveau plan le 5 mai dernier – un plan complet et ambitieux – est un parfait exemple des politiques très concrètes de transformation du quotidien que nous portons actuellement.