J’ai eu le plaisir d’organiser, le 6 juin dernier, un colloque avec l’ONG Action santé mondiale et Harris Interactive sur la perception des parlementaires français des menaces sanitaires mondiales. Cet échange a notamment été l’occasion de rappeler la nécessité de se doter des outils nécessaires pour faire face aux prochaines crises sanitaires et d’évoquer le rôle des parlementaires dans cet objectif.
Les parlementaires français sont conscients de la nécessité de mieux se préparer aux prochaines pandémies, mais se disent peu informés sur l’action internationale de la France en la matière
A l’occasion de ce colloque, Jean-Daniel Levy, directeur exécutif d’Harris Interactive, a présenté un sondage conduit à la demande de l’ONG Action santé mondiale auprès des parlementaires français sur leur perception des enjeux de santé mondiale. Ces résultats interpellent sur un certain nombre de points :
- 2/3 des parlementaires considèrent que la réponse à la pandémie de Covid-19 a été à la hauteur, y compris au sein de l’opposition.
- A crise sanitaire mondiale, il faut une réponse mondiale. Cependant, 53% considèrent que la communauté internationale est bien préparée pour faire face à une crise sanitaire mondiale, et 65% considèrent qu’une réponse coordonnée avec les autres États est nécessaire en cas de telle crise.
- La France doit renforcer son action sur le plan internationale. 6 parlementaires français sur 10 déclarent être suffisamment informés et 71% considèrent que le budget consacré à la santé dans le cadre de l’aide publique au développement française (8%) est trop faible.
Les principales solutions mises en avant par cette étude répondent à ce besoin d’appréhender les outils de réponse aux crises sanitaires au niveau international. Il s’agit ainsi de favoriser la levée des brevets pour un accès équitable, ou encore appuyer le développement des capacités de production des pays en développement en matière de médicaments et de vaccins.
La question n’est pas de savoir s’il y aura une prochaine crise sanitaire mondiale, mais quand elle aura lieu.
A l’occasion de ces échanges, j’ai pu rappeler que plusieurs mois après la dernière vague importante de Covid-19, nous pouvons avoir le sentiment que la menace sanitaire serait derrière nous. La réalité est que notre monde connaîtra une nouvelle pandémie, comme il en a toujours connu et que les facteurs de risques sont aujourd’hui multiples.
Cette menace sanitaire peut venir d’un virus nouveau, que nous ne connaissons pas. Mais, elle peut tout aussi bien venir de la résurgence de maladies infectieuses que nous pensions disparues mais qui continuent pourtant de menacer des populations partout dans le monde.
Par exemple, le réchauffement climatique alimente aujourd’hui des maladies existantes. Il est souvent identifié comme augmentant la probabilité d’émergence d’une nouvelle maladie infectieuse – une maladie « X ». Mais l’effet du changement climatique sur les maladies mortelles existantes n’est pas un scénario futur théorique.
Il est essentiel que nous posions le sujet de la pérennisation de nos outils de réponse et de notre action, en France et dans le monde, pour mieux réagir à la prochaine crise sanitaire mondiale.
Notre rôle, en tant que parlementaires et responsables politiques, mais plus largement en tant que société, est de se doter des outils nécessaires pour prévenir et mieux répondre à ces menaces.
- Protéger partout. La pandémie que nous avons vécue récemment nous a rappelé à quel point notre monde est interconnecté et vulnérable face à des menaces sanitaires, qui elles, ne connaissent pas de frontières. C’est la raison pour laquelle nous devons continuer de financer et porter les différents mécanismes de solidarité internationale, en défendant une approche multilatérale. Pas seulement par générosité, mais par efficacité car, nous l’avons vu durant la dernière pandémie, nous ne serons pas protégés tant que le monde entier ne le sera pas.
- Surveiller et alerter plus rapidement. Il nous faut nous doter de meilleurs systèmes de surveillance et d’alerte au niveau international. Nous l’avons vu lors de la crise du Covid-19, une épidémie touche tout le monde, partout et en même temps. Et dans ce cas, chaque jour compte. Il nous faut donc renforcer nos capacités de surveillance au niveau mondial, faciliter le partage d’informations entre les pays et de mettre en place des mécanismes d’alerte précoce pour permettre une réponse rapide.
- Renforcer notre système de santé. Il est crucial d’investir dans les infrastructures de santé, la formation du personnel médical et l’accès équitable aux soins pour tous.
- Garantir notre souveraineté. Investir plus et mieux dans la recherche scientifique et dans notre industrie de santé pour répondre mieux et plus rapidement lorsqu’une menace sanitaire se présente.
- Garantir la gestion des crises sanitaires dans le cadre de notre État de droit, ce qui nous demande de bien définir le cadre juridique et administratif dans lequel les décisions sont prises.
Ces outils, il nous faut les développer au niveau français mais aussi, j’en suis persuadé, au niveau européen. Ce sera la seule manière de garantir une réponse efficace et nous en avons les moyens.
Pour cela, il faut une meilleure mobilisation des parlementaires autour de ces enjeux pour faire preuve de la volonté politique nécessaire. A ce titre, je salue le lancement du Club parlementaire transpartisan « Unis pour la santé » lors de ce colloque et auquel j’ai le plaisir d’adhérer. Je poursuivrais mon engagement sur ce sujet afin que nous puissions nous doter nécessaires pour protéger nos compatriotes et les pays les plus vulnérables de ces menaces.