Retrouvez ci-dessous mon intervention:
Seul le prononcé fait foi
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Ambassadrices et Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires, cher Hubert JULIEN-LAFERRIERE, chère Michèle PEYRON, notre ex-collègue Valérie THOMAS que je salue et remercie pour la qualité de ses travaux sur le sujet au cours du précédent mandat,
Mesdames et Messieurs,
“Je n’avais que deux options. La première était de me taire et attendre d’être tuée, la deuxième était de parler haut et fort et me faire tuer. J’ai choisi la seconde option.”Ces mots, ce sont ceux de MALALA YOUSAFZAÏ lors de son discours pour l’obtention du Prix Nobel de la Paix, en 2014. Ces mots ce sont ceux d’une jeune fille qui à l’âge de 9 ans a pris la parole pour dénoncer les agissements des talibans pakistanais, incendiant les écoles pour filles. Ces mots, ce sont ceux d’une jeune fille qui, à l’âge de 11 ans, a reçu une balle au visage dans le bus qui la ramenait de l’école. Ces mots, ce sont au fond ceux prononcés pour ces plus de 400 millions d’enfants qui vivent actuellement dans une zone touchée par des conflits.
C’est inspiré, presque obligé, par ces mots, que j’ai l’honneur d’ouvrir cette journée échanges organisée par l’UNICEF, que je tiens à remercier pour son action essentielle pour ces enfants, ainsi que pour la mobilisation de la communauté internationale et notamment des parlementaires.
Je souhaite ce matin vous partager deux sentiments qui m’animent lorsque l’on tente d’aborder ces sujets.
Le premier est celui de l’urgence. Vous le savez mieux que quiconque : nous sommes lancés dans une course contre la montre en matière de droits des enfants.
Cette urgence, elle est humanitaire d’abord. Nous constatons une intensification des crises humanitaires et des conflits dans le monde, qui sont aggravés par une instabilité politique forte dans certains régimes, en particulier au Sahel où les groupes terroristes continuent de prospérer.
Au milieu, des désastres humanitaires qui touchent particulièrement les enfants. Quand ils ne sont pas privés, d’eau, de nourriture, d’accès à la santé, ce sont les jeunes filles qui sont victimes d’excisions, de mariages forcés, de viols ou encore de grossesses précoces lorsqu’elles sont mineures. Selon l’UNICEF, 650 millions de filles et de femmes aujourd’hui en vie ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Ceci représente 1 jeune femme sur 5 dans le monde.
Quand ils ne sont pas tués ou maltraités, les enfants sont enrôlés, armes à la main, dans des conflits qui ne sont pas les leurs.
Cette urgence, elle est mondiale ensuite. Car au milieu de ces drames, sur ces mêmes terres de conflits, les enfants sont à la croisée d’un phénomène d’enchevêtrement des crises. J’en citerai aujourd’hui trois principales.
Ces crises, elles touchent directement les enfants entraînant très souvent leur déplacement. Laissez-moi vous partager un chiffre, pour le moins marquant. Enfin, moi il me marque. Fin 2021, 1 migrant sur 8 était un enfant. Le plus grand nombre jamais enregistré depuis la seconde guerre mondiale. Cela veut donc dire que 43 millions d’enfants se sont déplacés : c’est à peu près l’équivalent de deux fois la population d’un pays comme le Mali.
Et enfin, cette urgence c’est celle du multilatéralisme. Parce que nous voyons bien que nos instances internationales peinent parfois à trouver les paroles et les actes, à répondre à l’urgence. Mais c’est précisément parce que nous tenons au multilatéralisme comme mode de réponse aux enjeux mondiaux que nous devons le renouveler, nous engager vers le soutien de nouvelle structures internationales qui ont les moyens d’agir directement auprès des communautés, avec les communautés. Qui savent être réactives et agir avec cet esprit de partenariat.
Et je tiens ici à saluer particulièrement, Madame la Présidente, le travail essentiel réalisé par l’UNICEF dans cette approche
Le second sentiment que je souhaite vous partager est celui de la détermination. Nous sommes toutes et tous ici dans cette salle, je le crois, convaincu de cette urgence. Mais la boussole qui doit nous guider aujourd’hui va bien au-delà de cette assemblée. Notre rôle est de porter la défense des droits des enfants partout où elle n’est pas acquise, auprès de toutes celles et ceux qui pourraient en douter, voir la remettre en cause. Cette détermination elle doit s’exercer aussi bien dans notre pays, qu’à l’extérieur.
Dans notre pays parce que nous ne pouvons pas nier la réalité du monde dans lequel nous vivons. Nous ne pouvons pas non plus nier l’impact des crises du monde sur notre territoire. Le faire serait au mieux irresponsable, au pire un jeu extrêmement dangereux pour notre démocratie. L’impact de ces conflits, il faut le regarder en face.
Notre pays est depuis plusieurs années confronté à la présence d’enfants sur son sol qui ont été exposés à des conflits, soit parce qu’ils fuient l’horreur de la guerre, soit parce qu’ils ont été enrôlés dans ces affrontements. De ces enfants nés de djihadistes français en Syrie à ces mineurs réfugiés, parfois non accompagnés, notre pays a un devoir. En réalité, je dirai même deux devoirs.
C’est le préalable à notre action extérieure en la matière. Et c’est donc avec cet esprit que nous devons agir au-delà de nos frontières. Notre pays a fait de la protection des enfants dans les conflits armés une priorité absolue. Aussi bien dans les instances onusiennes, qu’en matière de financement et d’appui aux organisations internationales humanitaires telles qu’UNICEF. Notre pays ne doit pas seulement jouer un rôle humanitaire mais il doit aussi se doter d’une politique de développement ambitieuse, qui nous permettra de répondre à ces défis pour les droits des enfants.
Mais cette action, la France ne la conduit jamais seule. Elle la mène avec ses partenaires, les communautés aussi, qui chaque jour sont confrontés à ces défis qui évoluent.
Enfin, je tiens aussi ici à insister sur le caractère collectif de cette détermination et souligner que c’est aussi notre rôle, en tant que parlementaires, de veiller à ces exigences, de porter la défense de ces droits, d’appeler à ne jamais abandonner ces combats.
Alors, pour ouvrir cette journée et conclure mon propos, je souhaite émettre trois vœux pour les échanges que vous aurez :
En tant que membre de la délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale, Vice-président de la délégation aux droits des femmes, en tant que français et européen, vous pourrez compter sur mon engagement et ma détermination.
Mesdames et Messieurs, nous devons collectivement rappeler partout que « Nos enfants sont la base sur laquelle nous construirons notre avenir, ils sont le bien le plus cher de la nation. ». Cette phrase n’est évidemment pas la mienne, c’est celle de NELSON MANDELA qui nous rappelle qu’au fond protéger nos enfants, c’est construire un avenir que le monde à en commun, et qui s’appelle l’humanité.
Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite d’excellents échanges.