Seul le prononcé fait foi
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Merci pour votre présence. Je tenais à ce que nous puissions nous réunir en ce début d’année, ici à l’Olympe, pour vous adresser mes meilleurs vœux. L’exercice a ses habitudes qui nous conduisent à nous replonger dans l’année qui vient de s’écouler avant de dresser certaines perspectives pour celle qui commence. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’année 2024 était attendue, et que la débuter fait du bien. Car oui, l’année 2023 a été une année complexe, même assez morose. Mais maintenant place à ce nouveau cru plein de promesses et d’espérances. Celui des Jeux olympiques et paralympiques, du 80èmeanniversaire du débarquement ou bien encore de la réouverture de Notre-Dame de Paris. Une année électorale majeure également avec l’élection présidentielle américaine et l’élection législative européenne (pour des raisons de respect des règles de financement des campagnes électorales, je ne pourrai d’ailleurs pas évoquer les enjeux de cette élection ici). Des évènements à venir qui nous invitent à l’optimisme et l’engagement.
Je le sais, l’année que nous venons de vivre, après celles de la crise COVID, a été pour nombre de nos concitoyens difficile. L’année 2023 a été éprouvante. Les événements climatiques qui sont venus durement frapper des territoires entiers de notre pays, la hausse de l’inflation et son impact sur le pouvoir de vivre, les inquiétudes grandissantes que chacun d’entre nous perçoit face à la résurgence des conflits et des guerres sur tous les continents, le réchauffement climatique et les crises économiques qui ont contraint des millions des personnes à quitter leurs territoires. La montée de l’antisémitisme et des attaques envers les droits des femmes a aussi été une réalité de l’année qui vient de s’achever et que nous ne devons à aucun moment taire. Ces combats contre l’antisémitisme et pour le droit des femmes, nous devons d’ailleurs les mener en permanence sans relâche.
Durant cette dernière année, nous avons eu à conduire un grand nombre de réformes parmi lesquelles, certaines, étaient, je le sais, impopulaires ou de nature à questionner nos valeurs, le fonctionnement de notre démocratie. Des réformes difficiles. Je pense bien entendu à la réforme des retraites et à celle relative à notre politique d’immigration et d’intégration. Ces sujets ont pu heurter et je le comprends. Néanmoins, aujourd’hui, lorsqu’on est aux responsabilités, il n’est pas possible de ne pas se préoccuper de la pérennité du financement de notre modèle social. Il n’est pas non plus possible de ne pas revoir de manière régulière nos politiques d’accueil des populations sur notre territoire dans une époque où le sujet migratoire est clairement l’un des défis de notre époque et des décennies à venir. En 2022, 120 millions de personnes ont décidé de quitter leur pays, la première des raisons étant d’ailleurs liée aux conséquences du réchauffement climatique. Ce sujet est particulièrement difficile mais il ne peut pas et ne doit pas être abandonné à l’extrême-droite. Il n’est pas non plus possible de ne pas assurer la mise en place des politiques d’adaptation au réchauffement climatique. C’est avec cette responsabilité à l’esprit que nous avons adopté une loi pour relancer la production nucléaire dans notre pays et que nous avons continué de porter les dispositions que nous avons adoptées au cours des dernières années en matière de rénovation des logements, de lutte contre le gaspillage, de mobilités, de réduction drastique de l’artificialisation des sols. Ces trois grands sujets demeureront des éléments importants de notre débat démocratique dans les années à venir. Des débats qui sont exigeants et souvent douloureux car sources de changement d’habitudes et d’efforts.
Durant l’année qui vient de s’écouler, nous avons également voté trois grandes lois de programmation afin de renforcer dans la durée les ministères régaliens que sont le ministère de la Justice, le ministère de l’Intérieur et le ministère des Armées. Des lois importantes qui couvrent une période quinquennale. Trois lois qui visent à renforcer notre souveraineté et la protection de nos concitoyens. Concernant la justice notamment, je voudrais vous dire que la formation et l’augmentation concrètes des effectifs ne vont pas se faire du jour au-lendemain. Mais d’ici 2027 le budget de ce ministère aura doublé. Nous avons par ailleurs renforcé le chantier de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans le secteur public, créé les outils qui nous permettront demain de construire des systèmes de transports publics métropolitains dans une dizaine de nos grandes villes en région, nous avons élargi le dispositif Erasmus aux apprentis, nous avons lancé l’expérimentation de la solidarité à la source, etc. Bref, nous avons agi. Et nous allons continuer.
Nous allons continuer en 2024 notamment en poursuivant le chantier de la transition énergétique et du financement des infrastructures de transports ferroviaires et propres. Nous allons continuer en poursuivant nos travaux de renforcement de nos grands services publics (santé, éducation nationale, intérieur, justice, armées). Nous allons continuer en lançant l’acte 2 de la modernisation de notre fonction publique et la simplification administrative de notre économie. Nous allons aussi continuer en approfondissant la décentralisation de notre République et en clarifiant les responsabilités des différentes strates institutionnelles (pour le coup j’espère que ce point ne demeurera pas à l’état de doux rêve). Nous allons poursuivre l’action qui est la nôtre pour atteindre le plein emploi avec l’application de la loi que nous venons d’adopter à l’automne et la création de France Travail, pour protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyens, pour réduire les inégalités de destins qui sont encore bien trop fortes dans notre pays. Nous allons continuer d’agir tout en portant les valeurs qui fondent notre pacte républicain. C’est pour cela que nous légiférerons sur la fin de vie dans la dignité. C’est pour cela aussi que d’ici quelques jours nous reprendrons les discussions pour reconnaître dans notre Constitution la liberté de recourir à l’IVG. Concernant cette réforme, dont je suis le rapporteur pour l’Assemblée nationale, je vous le dis, elle ne représente rien …. Et tout en même temps. Rien parce qu’elle n’implique pas de changement des dispositions réglementant l’accès à l’avortement en France. Mais elle représente tout dans le message d’égalité et d’universalisme qu’elle porte en elle. Si nous y arrivons, et je dis « si » car le débat juridique est compliqué, nous serions alors le premier pays au monde à reconnaître dans sa Constitution le droit à l’avortement, c’est-à-dire le droit pour toute femme, et donc pour toute personne, de disposer de son corps. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Chers amis, dans cette période remplie de troubles, nous allons continuer d’agir avec le regard tourné vers l’avenir. Face aux tentations actuelles, et elles sont fortes dans notre pays et dans l’ensemble des sociétés occidentales, de mythifier un passé doré pour s’y enfermer afin de ne pas regarder en face les réalités et les défis propres à notre temps, nous faisons le choix de l’action. Celle-ci n’est certainement pas parfaite. C’est même certain. S’il fallait d’ailleurs deux exemples de politiques où nous ne sommes pas à la hauteur pour le moment je vous évoquerais le sujet du logement et celui de la protection de la petite enfance. Sur ces deux sujets, par exemple, nous devons faire beaucoup mieux. C’est pour cela que nous avons besoin de partenaires politiques exigeants et d’oppositions républicaines constructives pour nous questionner et nous challenger au quotidien. Des rôles qui ne sont pas toujours évidents mais indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie. J’ai d’ailleurs pleinement conscience qu’un jour nous aurons nous-même à expérimenter ce rôle. C’est le cours des choses. Mais en attendant, il nous appartient d’exercer certaines responsabilités et les fortes tensions qui existent aujourd’hui dans toutes les démocraties ne doivent pas nous condamner à l’inaction. Nous sommes tous en prise à des défis et des transformations qui bousculent nos sociétés, nos organisations et nos institutions. Des défis qui peuvent inquiéter. Je pense néanmoins que ce n’est pas en taisant la réalité des choses et en se déchargeant de nos responsabilités que nous arriverons à avancer et à construire une société plus juste et plus durable.
Ces responsabilités, il nous faut les exercer avec la volonté farouche de toujours travailler à la préparation de l’avenir et de ce que nous léguerons aux générations futures. Nous devons aussi les exercer en protégeant notre démocratie. Dans une société propice au développement du narcissisme à tout-va, nous devons nous rappeler que la démocratie, « c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité : c’est un type de mœurs, de vertu, de sens civique, de scrupule, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral ». Ces mots qui sont ceux de Pierre Mendès France, je pense qu’ils devraient être connus de toutes et de tous, transmis de génération en génération. Ces mots font d’ailleurs sens au moment où l’une des grandes figures éthiques de notre vie politique vient de nous quitter, je pense bien entendu à Jacques Delors qui, au-delà de son combat pour la construction européenne, nous lègue en héritage la culture du réel, du compromis, de l’humilité. Cette humilité qui doit guider toute action, je formule le vœu que nous arrivions à la retrouver car elle est source d’apaisement et d’unité. Peut-être que les valeurs de l’olympisme seront aussi de nature à inspirer l’ensemble des responsables politiques de notre pays, à savoir l’excellence, le respect et l’amitié. Des JOP qui seront paritaires, qui auront lieu dans près de soixante-dix territoires de notre pays et qui respecteront nos engagements climatiques. Des valeurs qui ne peuvent être que de nature à inspirer et améliorer notre vie démocratique et politique.
Chers, amis, voilà les quelques messages que je voulais vous partager en ce début d’année 2024. À titre personnel, je vous le dis l’année qui vient de s’écouler a laissé des traces. Elle a été dure. Une année de responsabilités qui questionne automatiquement les convictions que l’on peut avoir. Des questionnements qui ne me quittent jamais réellement. Aussi, vous retrouver ce soir est un moment agréable. Un plaisir. Nous nous connaissons toutes et tous. Je peux vous dire que dans cette salle ce soir il y a beaucoup d’idées, de combats, de convictions différentes. Mais je sais qu’il y a une envie commune à toutes et à tous, celle de l’engagement pour notre société et pour l’autre. C’est un honneur et un plaisir immense que de partager ces instants avec vous. Merci à toutes et à tous, que vous soyez engagés en tant qu’élus, associatifs, syndicalistes, militants politiques, entrepreneurs, merci pour toute l’énergie que vous mettez au quotidien pour construire notre territoire, notre pays, notre société. Merci de m’accompagner au quotidien dans ce magnifique mandat qu’est celui de député. Je vous souhaite à toutes et à tous, à vous, vos proches et vos équipes, une belle et heureuse année 2024 pleine de projets, de découvertes et d’espérances !
Merci !