Il y a le discours, et il y a les actes. La “dette écologique”, que le Premier ministre rappelait pourtant dans sa déclaration de politique générale, ne trouve que peu de réponses concrètes dans le budget 2025. Le plan vélo, le ferroviaire, la rénovation, la préservation du vivant, la transition agricole : presque chaque outil destiné à l’adaptation climatique souffre de coupes budgétaires. Or, le budget de l’État incarne précisément la priorité donnée à cette dette écologique. Ce sont des chiffres, des financements, des faits : une boussole de la prise au sérieux des enjeux environnementaux. Dans ce budget, les priorités financières s’éloignent drastiquement de l’urgence climatique. Nous ne suivrons pas cette boussole.
Le verdissement des véhicules perd 500 millions d’euros. Le fonds vert, destiné à financer les projets vertueux des collectivités locales, perd 1,5 milliards d’euros. Le Gouvernement a annoncé le gel du Plan Vélo pour 2024 et 2025. La préservation de la biodiversité perd 5 millions d’euros, le plan haie baisse de 70 millions d’euros et les crédits pour la décarbonation de l’agriculture sont supprimés (80 millions d’euros). Certains opérateurs de l’Etat dans le secteur de l’environnement, comme les Agences de l’eau, qui gèrent et préservent cette ressource dans les territoires, vont subir un lourd prélèvement de leurs trésoreries.
Les investissements nécessaires pour l’atténuation des effets climatiques ne sont pas à la hauteur, alors que des villes entières peinent déjà à se prémunir des vagues de chaleur ou de pluies, toujours plus graves et fréquentes. Après celles survenues en France, les inondations en Espagne viennent de causer la mort d’au moins 217 personnes et la disparition de dizaines d’autres. Ce n’est pas uniquement l’avenir de la planète qui est en jeu, mais la vie de citoyens. Le Plan national d’adaptation au changement climatique reconnaît la trajectoire de +4°C d’ici 2100, sans pourtant l’inscrire dans la loi. Les ambitions souffrent d’un manque d’assise légale et contraignante.
Nous demandons des financements dignes de l’enjeu : le renforcement des crédits alloués au fonds chaleur et au fonds pour l’économie circulaire est prioritaire. Dans un contexte budgétaire dont nous ne contestons pas la difficulté, une dotation additionnelle de 100 millions d’euros, dont 10 millions consacrés au fonds chaleur, serait un premier signal envoyé. L’une des mesures les plus structurantes à moyen terme serait d’instaurer une taxation équilibrée entre le gaz et l’électricité, afin d’encourager une consommation énergétique plus durable. Actuellement, la taxation plus favorable au gaz freine la transition vers des sources d’énergies renouvelables et pénalise les foyers cherchant à se convertir à l’électricité verte.
L’inaction climatique coûte bien plus cher que la prévention : elle condamne à des rafistolages d’urgence, qui bientôt coûteront trop et ne seront plus efficaces. Combler les déficits ne doit pas se faire au sacrifice de la politique environnementale, dont les investissements ont besoin de monter en puissance face à la crise climatique, conformément à la trajectoire prévue par la planification écologique mise en place dès 2023. Nous ne voulons pas de discours, nous voulons des actes.
Cosignataires de la tribune:
David AMIEL – Député de Paris, 13ème circonscription
Erwan BALANANT – Député du Finistère, 8ème circonscription
Olivier BECHT – Ancien ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Député du Haut-Rhin, 5ème circonscription
Hervé BERVILLE – Ancien Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé de la Mer et de la Biodiversité, Député des Côtes d’Armor, 2ème circonscription
Anthony BROSSE – Député de Loiret, 5ème circonscription
Eléonore CAROIT – Députée des Français établis hors de France, 2ème circonscription
Vincent CAURE – Député des Français établis hors de France, 3ème circonscription
Lionel CAUSSE – Député des Landes, 2ème circonscription
Stella DUPONT – Députée du Maine-et-Loire, 2ème circonscription
Philippe FAIT – Député du Pas-de-Calais, 4ème circonscription
Jean-Marie FIEVET – Député des Deux-Sèvres, 3ème circonscription
Jean-Luc FUGIT – Député du Rhône, 11ème circonscription
Guillaume GOUFFIER-VALENTE – Député du Val-de-Marne, 6ème circonscription
Sandrine JOSSO – Députée de Loire-Atlantique, 7ème circonscription
Pascal LECAMP – Député de la Vienne, 3ème circonscription
Nicole LE PEIH – Députée du Morbihan, 3ème circonscription
Roland LESCURE – Ancien ministre délégué chargé de l’Industrie, Vice-président de l’Assemblée nationale, Député des Français établis hors de France, 1ère circonscription
Sylvain MAILLARD – Député de Paris, 1ère circonscription
Christophe MARION – Député du Loir-et-Cher, 3ème circonscription
Ludovic MENDES – Député de la Moselle, 2ème circonscription
Karl OLIVE – Député des Yvelines, 12ème circonscription
Hubert OTT – Député du Haut-Rhin, 2ème circonscription
Sophie PANONACLE – Députée de la Gironde, 8ème circonscription
Véronique RIOTTON – Députée de Haute-Savoie, 1ère circonscription
Xavier ROSEREN – Député de Haute-Savoie, 6ème circonscription
Marie-Ange ROUSSELOT – Députée des Français établis hors de France, 6ème circonscription
Jean-François ROUSSET – Député de l’Aveyron, 3ème circonscription
Violette SPILLEBOUT – Députée du Nord, 9ème circonscription
Vincent THIEBAUT – Député du Bas-Rhin, 9ème circonscription
Anne-Cécile VIOLLAND – Députée de la Haute-Savoie, 5ème circonscription
Caroline YADAN – Députée des Français établis hors de France, 8ème circonscription
Jean-Marc ZULESI – Ancien président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, ancien député des Bouches-du-Rhône, 8ème circonscription