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Le monde est une poudrière. Il est devenu plus instable, plus imprévisible, plus dangereux. Et dans le même temps, toutes nos certitudes s’effondrent.
Certitudes stratégiques avec la fin du mythe du parapluie américain. Trop longtemps, l’Europe a cru qu’elle pouvait sous-traiter sa défense aux Etats-Unis. Nous savons désormais que les Européens ne peuvent compter que sur eux et qu’il faudra nous défendre seuls, produire seuls, agir seuls.
Certitudes diplomatiques, alors que le droit international n’engage plus que ceux qui y croient. Et pendant que le multilatéralisme vacille, les dépenses militaires mondiales explosent, bondissant de 2 240 à 2 700 milliards de dollars en deux ans à peine.
Certitudes technologiques, aussi.
Désormais, ce sont les drones qui dominent les champs de bataille, plus pratiques, plus maniables, plus rapides, capables de frapper n’importe où.
Désormais, l’intelligence artificielle s’installe sur les champs de combats. Elle déterminera les victoires de demain, car c’est la Nation qui aura les meilleurs algorithmes qui remportera les combats.
Désormais, la guerre est totale, les réseaux sociaux deviennent un champ de confrontation et une attaque cyber peut atteindre des centrales nucléaires, des hôpitaux, des régions entières.
Désormais, avec le radar quantique, nos océans pourraient être mis à nu et même le positionnement de nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins pourrait être accessible.
Dès 2017, sous l’impulsion du Président de la République, et grâce aux lois de programmation portées par les ministres Florence Parly et Sébastien Lecornu, nous avons entamé une augmentation sans précédent des moyens de nos Armées.
« Ne nous leurrons pas : cette actualisation aura un coût. Ce choix ne pourra s’opérer sans l’adhésion de la Nation, c’est pourquoi un débat au Parlement est indispensable. »
La loi de programmation militaire 2024-2030 accorde 413 milliards d’euros à nos Armées : un coût que les Français doivent savoir taillé au plus juste, car il n’y a aucun gras dans cette trajectoire.
Mais nous ne sommes déjà plus dans le même monde qu’il y a deux ans. Ne pas prendre la mesure de ces changements, c’est nous mettre en danger. Alors, nous devons nous adapter, rapidement, considérablement, et accélérer les changements profonds initiés depuis 2017.
Ne nous leurrons pas : cette actualisation aura un coût. Dans un contexte budgétaire contraint, chaque euro supplémentaire devra être investi efficacement. Et ce choix ne pourra s’opérer sans l’adhésion de la Nation, c’est pourquoi un débat au Parlement est indispensable.
Mais la question n’est pas seulement celle des montants engagés. La question est celle de leur nature, de leur efficacité, de leur adéquation avec le monde d’aujourd’hui et les menaces de demain.
Cela suppose des arbitrages clairs.
Il faut renforcer nos capacités dans les domaines décisifs : haute altitude, grands fonds marins, spatial, quantique, cyberdéfense et intelligence artificielle, bien sûr.
Il faut accélérer l’acquisition de certains équipements clés, en particulier des drones.
Il faut aussi inventer de nouvelles formes de financement pour notre industrie de défense, car le financement privé et le financement populaire ont toute leur place, dans le respect de nos valeurs.
C’est un choix stratégique, pour la sécurité et la liberté des Français, pour la place de la France dans le monde.
C’est un choix économique, car, ne l’oublions pas, chaque euro investi dans la défense crée, en dix ans, deux euros de richesse pour notre pays, pour nos territoires.
C’est un choix européen, enfin : celui d’une Europe capable de peser, d’agir, de se protéger.
Alors, en conscience et en responsabilité, nous, députés du groupe Ensemble pour la République, appelons à l’actualisation rapide de la loi de programmation militaire.
Préparons-nous aux conflits de demain. Conservons la première armée d’Europe. C’est la condition de notre souveraineté. C’est la clé de notre puissance.