

J’ai signé la tribune de la Fédération nationale Solidarité Femmes en faveur d’une action renforcée contre les violences conjugales en milieu rural et pour la modification de l’article 212 du code civil. A l’approche des municipales, il est important de rendre visibles les besoins spécifiques des territoires ruraux.
ainsi que la liste des cosignataires
Chaque jour, en France, trois femmes sont victimes de féminicide ou de tentative de féminicide. Parmi ces victimes, 50% viennent des zones rurales alors que seule 30% de la population y vit. Derrière ces chiffres, il y a des visages, des enfants, des familles, et des territoires marqués à jamais. Les violences conjugales sont plus fréquentes proportionnellement en ruralité, et les victimes disposent généralement de moyens plus limités pour les fuir.
Les élu·es locaux peuvent jouer un rôle déterminant dans la lutte contre les violences conjugales. Ils et elles sont effet les premiers visages de la République, celles et ceux que les habitant·es connaissent et croisent le plus fréquemment. Sur les 36 000 communes françaises, 30 000 sont rurales. Être élu·e en ruralité, c’est être au plus près des habitant·s de sa commune, c’est être le témoin des bonheurs, des heureux événements mais aussi des difficultés et des drames qui s’y déroulent.
Dans ces territoires, le ou la maire est souvent la première personne vers qui une victime peut se tourner. Savoir accueillir la parole des victimes peut tout changer. L’écoute, la réactivité et l’engagement peuvent sauver des vies. C’est pourquoi nous appelons à une mobilisation pleine et entière des communes rurales dans la lutte contre les violences conjugales. C’est le sens de l’action ERRE, réseau pour l’égalité de l’AMRF qui regroupe des maires partout sur le territoire et qui outille déjà les élu·es pour leur permettre d’aller plus loin.
Ensemble, faisons du contrat de mariage un engagement contre les violences conjugales !
Le mariage n’est pas un simple contrat : c’est un symbole de la République, un engagement public devant la société. Pendant longtemps, il a aussi été une institution patriarcale où s’exerçait trop souvent la domination au sein du couple, terreau de violences (psychologiques, physiques, sexuelles, économiques…).
Aujourd’hui encore, il est synonyme, pour certain·es, d’un droit de propriété sur les femmes. Il n’est malheureusement pas rare d’entendre des propos véhiculant des représentations archaïques sur la place des femmes dans leur couple – le procès de « l’affaire Mazan », en 2024, en est un exemple accablant. D’ailleurs, la France a été condamnée en 2025 par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir invoqué la notion de « devoir conjugal » en droit civil dans le jugement d’un divorce. Cette condamnation rappelle une évidence : le mariage sert encore aujourd’hui, parfois, d’argument pour nier ou invisibiliser les violences subies en son sein.
La mention explicite de l’interdiction de toute forme de violence dans la loi.
Il est nécessaire d’aller plus loin, en inscrivant la lutte contre les violences conjugales dans la loi, au sein de l’article le plus symbolique du lien conjugal : l’article 212 du Code civil.
Nous appelons à sa modification pour qu’il énonce désormais :
« Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance, et s’engagent à vivre leur union sans aucune forme de violence. »
Nous appelons les maires, dès aujourd’hui, à prendre l’initiative de lire ces mots lorsqu’ ils et elles célèbrent un mariage. Cela livrerait un message fort : “dans nos communes, la violence n’a pas droit de cité. Nous serons toutes et tous vigilants à ce que cet engagement soit respecté”.
Cela acterait également que les violences conjugales ne sont pas des problèmes privés, mais qu’ils concernent la société tout entière.
Nous appelons les parlementaires à prendre un engagement public contre les violences conjugales : soutenir la modification de l’article 212 du code civil. Porter et soutenir cette évolution législative, c’est assumer un engagement moral et politique : celui de dire, ensemble, que l’amour se construit systématiquement sans violence, et que le couple ne doit jamais être un lieu de domination.
Renforcer le soutien aux associations locales.
Au-delà de cette modification législative, nous rappelons le besoin crucial de renforcer le soutien aux associations locales.
Aujourd’hui dans de nombreux territoires, les associations vers lesquelles orienter les femmes victimes de violences sont saturées, faute de financements suffisants. Derrière ce manque de moyens, ce sont des obstacles supplémentaires qui entravent la capacité de fuir les violences pour les femmes.
Le Président Macron a déclaré, en 2017, l’égalité entre les femmes et les hommes, grande cause nationale de son quinquennat. Pour ajouter de la puissance d’action à ces mots, nous appelons à un sursaut sociétal et citoyen, qui passe par une réinvention de l’engagement municipal et départemental pour soutenir ces acteurs de terrain.
Eeva KATZ, Présidente de la Fédération nationale Solidarité Femmes
Dominique CHAPPUIT, Vice-présidente de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF) et référente de l’action ERRE (Elu Relai Rural de l’Egalité)
Pour signer notre tribune : Engagement des élu·es contre les violences conjugales – Remplir le formulaire