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Les parlementaires de différentes sensibilités expriment aujourd’hui une profonde inquiétude face à l’absence du président de la République au Sommet de reconstitution du Fonds mondial qui s’est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 21 novembre dernier. Cette absence, compensée par un simple message du ministre des Affaires étrangères dépourvu de toute annonce de contribution française, fait naître un doute grave : celui d’un recul historique de la France dans la défense de la santé mondiale, au risque de compromettre la vie de millions de personnes.
Cette inquiétude est d’autant plus forte que le gouvernement a lui-même décidé de réduire drastiquement, dans son projet de loi de finances 2026, l’aide publique au développement (APD), en connaissance parfaite des conséquences : une coupe disproportionnée de près de 50 % depuis 2021 de l’APD, et également de plus de moitié de la contribution française au Fonds mondial pour les trois prochaines années. Il laisse désormais entendre que la détermination du montant final de la contribution française au Fonds mondial incomberait au Parlement, alors même que ses marges de manœuvre en matière budgétaire sont strictement limitées par la Constitution.
Ces coupes brutales de l’APD fragilisent la solidarité internationale, affaiblissent notre capacité collective à répondre aux crises sanitaires et mettent en péril les fondements de notre sécurité mondiale. Nous demeurons pleinement déterminés à défendre une solidarité forte, durable et cohérente avec les enjeux de santé mondiale.
Dans ce contexte, les recettes issues des taxes solidaires – sur les billets d’avion et sur les transactions financières – jouent un rôle essentiel. Internationalement reconnues, elles constituent des outils innovants, stables et prévisibles pour financer la lutte contre les pandémies et renforcer les systèmes de santé dans les pays les plus vulnérables. L’Assemblée nationale a réaffirmé son soutien à ces taxes lors des discussions budgétaires.
Ces instruments, créés en 2006 puis en 2012 dans un esprit de justice et de responsabilité, permettent de mettre à contribution les acteurs de la mondialisation pour soutenir les biens publics mondiaux. La France a été pionnière en la matière dès le début des années 2000, affirmant ainsi sa volonté de promouvoir une mondialisation plus juste et plus humaine.
Aujourd’hui, plus que jamais, la France doit continuer d’assumer son leadership en matière de santé mondiale. Elle doit rester le premier contributeur européen au Fonds mondial, fidèle à sa tradition, à ses valeurs et à ses engagements internationaux. Renoncer à cette place fragiliserait non seulement notre crédibilité, mais mettrait également en danger plus de vingt ans de progrès dans la lutte mondiale contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ne pas faillir à cette responsabilité est un impératif moral, politique et humanitaire. Notre pays doit rester à la hauteur de ce qu’il promet et de ce qu’il représente.