Ces dernières semaines, une colère s’est levée dans les territoires de France. Une colère ressassée durant de longues années. Une colère de Françaises et de Français qui expriment leurs difficultés à boucler les fins de mois, à avoir une vie apaisée, heureuse. Cette colère exprime aussi les inquiétudes qu’ont nombre de nos concitoyens par rapport à leur avenir et celui de leurs enfants. Quelles perspectives avons-nous dans cette mondialisation qui accélère le temps, efface les frontières et abîme notre planète ?
L’élément déclencheur de la colère actuelle a été la hausse de la fiscalité sur le diesel et l’essence. Cette décision que nous avons votée, qui était dans notre programme et dans ceux de la plupart des partis d’opposition, même s’ils ont aujourd’hui oublié, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Une expression de mécontentement populaire s’est alors levée. Les conséquences en sont terribles, puisqu’à ce jour, cinq de nos concitoyens ont trouvé la mort au cours des dernières semaines et des centaines ont été blessés. Parmi eux, beaucoup de policiers. Nous devons leur rendre hommage pour leur engagement dévoué et sans faille. Ils ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions par des individus qui visaient pour certains la destruction de notre modèle démocratique et social. Ne nous y trompons pas. Une colère qui a entraîné des dégradations et des images de guérilla urbaine, des menaces de mort, des intimidations et des insultes. Les violences et les exactions doivent être condamnées avec fermeté. Les difficultés de la vie, les angoisses et les inquiétudes doivent être écoutées avec bienveillance et compréhension.
La période que nous vivons doit être regardée avec attention. Des leçons doivent être tirées. Comment expliquer le fait que nous n’avons pas vu venir cette explosion populaire ? Des décisions doivent être discutées et prises pour poursuivre la transformation et la préparation de l’avenir de notre pays. Car nous ne devons pas tomber dans la stagnation et l’enfermement sur nous-mêmes au moment où les enjeux pour l’humanité sont si cruciaux.
Afin d’apaiser la situation le Premier ministre, après échange avec le Président de la République, a pris la décision de geler la hausse de la fiscalité écologique et énergétique pour une durée de six mois. Celle-ci est finalement annulée. Je salue cette décision. La période qui s’ouvre maintenant doit nous permettre de remettre l’ensemble des acteurs autour de la table afin d’aborder les sujets qui fragilisent notre pacte social. Des sujets qui vont modifier notre société et que nous devons aborder. Nous n’avons pas le choix. N’en déplaise à celles et ceux qui rêvent d’un retour à la société d’hier et qui depuis des semaines articulent leurs discours autour de contre-vérités. Non, nous ne vivions pas mieux il y a trente ans. Non les inégalités ne se sont pas accrues au cours des dernières années. Au contraire ! Notre modèle social est une réussite et nous devons le préserver. Pour cela, nous ne devons pas détourner notre regard du monde tel qu’il est aujourd’hui et fuir les grands questionnements qui sont devant nous.
Le premier de ces questionnements, c’est la transition écologique et énergétique. Nous n’avons pas de deuxième planète. Nous allons donc devoir revoir nos modes de consommation, de production, de déplacement afin d’émettre moins de gaz à effet de serre. Par ailleurs, nous n’avons pas notre indépendance énergétique ce qui implique que nous revoyions notre système énergétique dans son ensemble et que nous favorisions rapidement le développement à grande échelle des énergies renouvelables. Nous devons prendre ce chemin avec l’ensemble des acteurs de notre société.
Le deuxième questionnement concerne notre fiscalité et l’évolution des niveaux des salaires. Le soutien populaire aux gilets jaunes traduit une défiance des Français envers notre système d’imposition. Les impôts sont perçus comme étant injustes et leur affectation est mal comprise. Il nous faut là aussi travailler à meilleure répartition de l’effort entre les Français et à une lisibilité claire quant à leur utilisation. Ce travail doit être mené au niveau national et local.
Le troisième questionnement c’est celui qui touche au fonctionnement même de nos institutions démocratiques. Aujourd’hui, la défiance dans nos instances représentatives est élevée et la représentativité des corps intermédiaires est faible. La société de ce début de siècle réclame davantage d’horizontalité, de transparence et de participation quand le pouvoir s’enferme dans la rigidité de la verticalité au nom d’une efficacité qui est largement contestable. Là-aussi, il nous faut revoir le fonctionnement de notre démocratie. Nous ne pouvons plus fonctionner comme en 1962. Nous devons créer les espaces pour une démocratie active du quotidien à travers des dispositifs de participation citoyenne adaptés. Nous devons aussi renforcer le pouvoir du parlement par rapport à l’exécutif et tout mettre en œuvre pour favoriser le développement d’une démocratie sociale au sein de les entreprises et des administrations.
Depuis plus de dix-huit mois, l’exécutif et la majorité présidentielle sont au travail pour réparer notre pays et préparer l’avenir. Notre volonté est également de mieux protéger tous les Français, baisser la pression fiscale et permettre à tout le monde de mieux vivre de son travail.
Voici un récapitulatif des principales mesures pour le pouvoir d’achat et la solidarité mises en places par le gouvernement depuis le début du quinquennat :
Cela implique des chantiers de transformations de notre société sans précédent à un rythme qui est aujourd’hui à revoir. En tout cas il est nécessaire qu’il soit acceptable pour les Français. Nous le comprenons. C’est toute l’ambition de la période de dialogue et de concertation qui s’ouvre et dont nous devons toutes et tous nous emparer.