Lundi 17 juin 2019, j’ai organisé un atelier législatif pour échanger avec les citoyens de la circonscription sur le projet de loi pour une École de la confiance, appelé « loi Blanquer ».
Cet atelier s’est tenu après le vote de la loi, adoptée à l’Assemblée nationale le 19 février et au Sénat le 21 mai. L’objectif est de faire le point sur les principales mesures et les changements apportés par rapport au texte initial, notamment suite au travail parlementaire.
Le début de l’atelier a été marqué par un rassemblement de plusieurs membres du collectif Éducation Fontenay venus manifester leur mécontentement vis-à-vis de cette loi et de diverses mesures du gouvernement. Les manifestants n’ont pas souhaité participer à l’atelier législatif. Je le regrette vivement tant l’échange et la discussion sont au cœur de ma conception du bon fonctionnement de la démocratie.
L’atelier a rassemblé plus de 30 personnes, professeurs actifs ou à la retraite, parents d’élèves ou tout simplement des citoyens curieux venus s’informer sur cette loi importante qui a fait beaucoup de bruit. Je tiens à remercier l’ensemble des participantes et participants qui ont contribué à la tenue de cet atelier et à la richesse des échanges.
Les objectifs et les mesures clés de la loi
Les objectifs de la loi Blanquer sont d’élever le niveau général des élèves, d’accroître la justice sociale, l’innovation et l’équité territoriale au sein de l’école ainsi que d’améliorer la formation des enseignants.
Neuf mesures clés ont été présentées :
- Abaisser l’obligation d’instruction de six à trois ans afin de réduire les inégalités d’apprentissage entre les élèves (avec la mise en place d’une compensation budgétaire de l’État pour les nouvelles charges que cela entraînera pour les municipalités), et porter l’obligation de formation de 16 à 18 ans ;
- Renforcer le contrôle de l’instruction dans le cadre familial notamment grâce aux inspections, tout en perpétuant la liberté pour les familles du choix de scolarisation ;
- Créer des établissements locaux d’enseignement international afin de proposer une offre éducative internationale attractive ;
- Créer des établissements publics des savoirs fondamentaux qui regrouperont les classes d’un collège ou d’une ou de plusieurs écoles pour les collectivités qui le souhaitent tout en garantissant les méthodes de chacun (mesure retirée par la Commission mixte paritaire) ;
- Améliorer la formation des enseignants grâce à de nouvelles écoles de formation, les INSPE, et en incluant les enjeux actuels – égalité hommes-femmes, écologie – dans la formation ;
- Créer un Conseil d’évaluation de l’école en remplacement du conseil actuel, le Cnesco, afin d’évaluer au mieux les pratiques scolaires ;
- Permettre le pré-recrutement des assistants d’éducation – étudiants en 2e ou 3e année de licence – en leur confiant des missions de soutien scolaire ou d’accompagnement des enseignants ;
- Développer l’innovation et l’expérimentation scolaire en étendant leur champ d’étude (horaires d’enseignement, procédure d’orientation) ;
- Rendre l’école vraiment inclusive et simplifier le recrutement des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) par des contrats de long terme (mesure ajoutée par l’Assemblée nationale).
Après cette présentation s’est tenu un temps de questions/réponses. Plusieurs grands thèmes sont ressortis.
Une première inquiétude est ressortie concernant la situation à venir des écoles maternelles et des jardins d’enfants suite à l’abaissement de l’obligation d’instruction. Si les participants se sont accordés pour dire que cette mesure est souhaitable en théorie, sa mise en œuvre devra être regardée de près et évaluée. Il faudra notamment veiller à ce que les classes de maternelle ne soient pas trop chargées et à ce que les jardins d’enfants ne disparaissent pas sachant que ceux-ci rendent de nombreux services.
La question du manque de moyens de l’école a également été maintes fois évoquée, notamment la rémunération trop faible des professeurs mais aussi d’autres problèmes telle que l’absence de médecine scolaire.
Certains participants ont aussi évoqué la crise du recrutement et de la vocation actuelle des enseignants. La mesure visant à pré-recruter les assistants d’éducation n’a pas convaincu unanimement. Il a été discuté du mal-être généralisé du corps professoral, du recrutement parfois à un niveau trop faible également pour l’école maternelle.
Enfin, la discussion a permis de parler de l’absence d’un environnement de confiance au sein de l’école française. Le système actuel ne permet pas de prendre en compte l’intelligence particulière de chaque élève. Un climat négatif existe aussi entre parents et professeurs, ceux-ci n’étant pas formés à la communication avec les parents. Aucune plage horaire, rémunération ni aucun lieu ne sont prévus pour des échanges entre parents et enseignants. Ainsi, la loi n’irait pas assez loin dans la recréation de liens de confiance entre les différents acteurs de l’école. Nous pourrons poursuivre les échanges sur cette question dans les mois qui viennent.
A la fin de ces échanges, j’ai souhaité relever deux points épineux sur lesquels je me pencherai à la suite de cet atelier.
Tout d’abord, la question des jardins d’enfants est apparue comme une préoccupation importante lors de la discussion, notamment sur leur devenir après 2021, échéance fixée par le Parlement au-delà de laquelle l’obligation d’instruction devra obligatoirement se faire dans les écoles maternelles. Aussi, dans les jours qui viennent, je demanderai des précisions à Jean-Michel Blanquer concernant la mise en œuvre de cette mesure.
Le second point est celui de la laïcité à l’école, sujet riche et complexe revenu dans les débats lors des discussions au Sénat suite à la présentation d’un amendement visant à interdire le port de signes religieux aux accompagnateurs scolaires, finalement rejeté par la Commission mixte paritaire (opposé à cette mesure qui revient de manière régulière dans les débats législatifs, je me félicite d’ailleurs de cette décision de la CMP). Un participant a également proposé que des visites des lieux de culte soient organisées en milieu scolaire. Ce sujet est d’une importance toute particulière pour la cohésion de notre société et son unité, aussi, dans la continuité de cet atelier et d’une précédente réunion sur la laïcité que j’avais déjà organisée il y a quelques mois, je souhaite développer la réflexion sur les questions liées à la laïcité. J’organiserai donc durant l’automne un nouvel atelier sur le sujet.