Mars 2022
Un dernier discours, un dernier échange dans les travées de l’hémicycle, les dernières réponses du Gouvernement aux questions des députés. En cette fin du mois de février, c’est dans une ambiance particulièrement lourde que la session parlementaire s’est achevée avec la déclaration du Gouvernement relative à la décision de la Russie de faire la guerre à l’Ukraine. Quelques jours plus tôt, au moment où nous débattions de la manière dont la crise sanitaire avait été gérée et où nous faisions un point de situation, la Russie envahissait l’Ukraine sans aucune raison valable. Pas un seul instant, je n’aurais imaginé que nous puissions conclure nos travaux législatifs dans un tel contexte : celui d’une nouvelle crise dont nous ne pouvons pas connaître la durée mais qui nous appelle à la plus grande vigilance. Et longtemps, je garderai en mémoire cette émotion d’avoir vu l’ensemble de notre Assemblée nationale debout face à Vadym Omelchenko, ambassadeur d’Ukraine en France, pour rendre hommage à l’unisson au peuple ukrainien.
La guerre est de retour sur le sol européen, une guerre dont seule la Russie de Vladimir Poutine porte la responsabilité, une responsabilité grave et historique. Je tiens ici à renouveler tout mon soutien au peuple ukrainien qui vit en ce moment dans la peur mais se bat avec courage pour ses droits et sa liberté contre une puissance tyrannique qui ne cache plus ses ambitions belliqueuses. Notre responsabilité est d’être aux côtés de nos amis ukrainiens sans ambiguïté, d’aider le président Volodymyr Zelensky et son Gouvernement dans la guerre de résistance qu’ils mènent contre l’envahisseur russe, mais aussi d’accueillir sans conditions celles et ceux qui se réfugient au sein de l’Union européenne pour fuir les conflits. Nous ne devons pas oublier par ailleurs, celles et ceux qui en Russie ou en Biélorussie s’opposent courageusement à cette guerre injuste et infâme lancée par les tyrans qui les gouvernent. Ils agissent pour la paix au prix de leur liberté. Notre responsabilité est aussi de poursuivre inlassablement le travail qui est mené pour que le feu cesse et que la voie diplomatique reprenne le dessus sur celles des armes. C’est tout le sens de l’action que mène avec détermination le Président de la République, Emmanuel Macron, que je salue.
Au cours des derniers jours, des sanctions économiques et diplomatiques sans précédent ont été prises à l’encontre de la Russie et de ses dirigeants, des équipements de défense et de l’essence ont été envoyés aux autorités ukrainiennes, les forces armées de l’OTAN ont été renforcées sur les frontières Est de l’Europe avec la Russie et la Biélorussie. La Russie et son alliée la Biélorussie se retrouvent aujourd’hui grandement isolées sur la scène internationale et des mouvements de solidarité envers les Ukrainiens se mettent en place dans les différents pays européens et à travers le monde. Cette vague de soutien, nous l’observons à travers tout notre pays bien entendu. Aussi, merci à chacune et chacun pour votre mobilisation en faveur des Ukrainiens, merci aux services de l’État, à nos collectivités territoriales et à nos associations qui organisent cette solidarité de manière réactive et efficace. Cette mobilisation nous devrons la faire vivre aussi longtemps que ce conflit durera mais aussi lorsque l’Ukraine aura à se reconstruire.
Cette décision de la Russie d’envahir l’Ukraine, nous devons la regarder sous toutes ses dimensions. Celle d’une puissance d’hier qui rêve de reconstruire son empire, d’abord. Celle d’un régime politique dictatorial qui répugne les valeurs libérales, humanistes et démocratiques de l’occident et de l’Union européenne, ensuite. Ne nous y trompons pas, en déclarant la guerre à l’Ukraine, c’est également à notre modèle démocratique que Vladimir Poutine s’attaque. Face à cette agression, ne craignons pas de défendre avec fermeté et conviction nos valeurs, osons les renforcer même, notamment au sein de notre Union européenne. A l’expression guerrière expansionniste du pouvoir russe, nous devons opposer le renforcement de nos démocraties, de la défense des droits humains, l’approfondissement de la construction de l’Union européenne afin de renforcer sa souveraineté, la solidarité entre les État qui la composent, sa soif de progrès. Nous ne pouvons savoir où cette nouvelle crise nous conduira mais, quoi qu’il en coûte, ne cédons rien quant à nos valeurs et à notre liberté.
Aujourd’hui, toutes mes pensées et ma solidarité vont aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens dans le combat qu’ils mènent pour leur liberté.