Je commencerai par le projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif que nous avons adopté en première lecture fin avril. Ce texte nous interpelle chacune et chacun sur la société dans laquelle nous voulons vivre et sur les défis qui sont devant nous. Je me suis déjà exprimé sur les aspects juridiques de ce texte et je veux revenir ici sur la conflictualité qu’il a créé. Trop dur et en rupture avec les valeurs de notre République pour certains. Trop laxiste et véritable carte blanche délivrée aux réseaux de passeurs et de traites d’humains pour d’autres. Les débats sur ce texte démontrent les fractures et les inquiétudes qui existent au sein de notre société actuellement. Et il faut les entendre.
Au regard du défi migratoire qui est devant nous, auquel nous devons apporter des réponses et qui va nous conduire à augmenter le nombre de personnes que nous accueillerons sur notre territoire, je regrette de constater qu’il a été impossible de mener ce débat dans un cadre apaisé. Sur ce sujet, nous devons à nos concitoyens d’avoir une parole de vérité, claire et pédagogique. Il est normal que nous revoyions aujourd’hui notre législation afin de réduire les délais de nos procédures de plus de quatorze mois en moyenne à six mois. Peut-on accepter qu’une personne en droit d’obtenir le statut de réfugié doive attendre si longtemps ? Non. La réduction des délais doit nous permettre d’augmenter le nombre de dossiers que nos services seront en capacité de traiter. Alors oui, cette loi marque aussi une ambition, celle de rendre plus effective les décisions d’éloignement. Mais, là aussi, est-il normal qu’aujourd’hui seule deux décisions d’éloignement sur dix soient exécutées ? Non.
Au sortir de cette première lecture, cinq questions m’interpellent et vont me mobiliser. J’aurai d’ailleurs l’occasion de les aborder avec le cabinet du ministre de l’intérieur dans les semaines à venir.
Eux luttent contre la haine et l’ignorance de l’étranger justement. Courant avril, après avoir goûté leurs plats lors d’une réunion avec les animateurs locaux de La République En Marche, j’ai été rendre visite aux Cuistots migrateurs dans leur cuisine, rue des Pommiers à Vincennes. L’ensemble des cuisiniers de ce traiteur, qui a un peu plus de deux ans d’existence et qui a été créé par deux entrepreneurs issus du marketing, sont réfugiés, Malien, Syrien, Ethiopienne, Népalais, Tchétchène. Au-delà de permettre à des personnes bénéficiant du droit d’asile d’avoir un emploi, ce qui est d’ailleurs l’un des grands défis que nous devons relever pour améliorer l’intégration des personnes qui arrivent en France, ce traiteur a pour objectif, à travers la nourriture, de changer le regard que nous pouvons avoir sur l’autre, d’apprendre à se rencontrer, à échanger. Un projet qui a du sens et qui est de nature à nous inspirer. Un projet à suivre et à goûter sans modération !
Autre projet que je tiens à mettre ici en avant, fruit de mes déplacements de ces dernières semaines, la Maison des femmes de Saint-Denis, créée par Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne. Un véritable lieu de soin et d’accompagnement des femmes victimes de toutes les formes de violences : conjugales, sexuelles, mariages forcés, excisions, etc. Un lieu qui leur offre un parcours de soin adapté. Un espace qui leur propose également des activités leur permettant de se reconstruire psychologiquement. Un lieu qui se trouve physiquement à côté de l’hôpital de Saint-Denis. Une véritable maison accueillante, pleine de couleurs, de vie. J’ai eu l’occasion de me rendre sur place et d’échanger avec le Docteur Ghada Hatem sur l’aventure que représente ce projet et sur les suites à y donner notamment pour créer de telles maisons à travers toute la France. 250 000 femmes sont victimes de violence en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint, 7% des femmes sont victimes d’un viol au cours de leur vie, 40% des cas de violences conjugales débutent lors de la première grossesse, 86% des viols ou tentatives sont perpétrés par des proches. Ces chiffres sont terribles, ils sont une réalité. Aussi, il est important que nous arrivions dans les années qui viennent à développer ce concept initié à Saint-Denis à travers toute la France. Ce combat, je m’y engage entièrement. C’est pourquoi le 3 mai je serai au côté de Ghada Hatem à l’Antenne au Concert des Héroïnes, une grande soirée de mobilisation en savoir plus. C’est également pour cette raison que je suivrai avec une attention toute particulière les travaux sur le projet de loi sur les violences sexuelles et sexistes porté par Marlène Schiappa qui renforce nos outils juridiques dans ce combat. Nous étudierons ce texte courant mai.
Ce mois de mai va aussi être marqué par la discussion sur le projet de loi pour l’évolution du logement, l’aménagement et le numérique. Un texte qui vise à faciliter la construction de logements sociaux, à adapter le logement aux nouveaux modes de vie et à permettre à notre système de mieux répondre aux imprévus de la vie. Ce sujet nous concerne tous, c’est pourquoi j’ai lancé sur ce site une consultation en ligne qui sera ouverte jusqu’au 19 mai. Voici le lien vers cette consultation ELAN : je vous invite à y répondre. Par ailleurs, une consultation similaire sera lancée sur le projet de loi mobilités fin juin – début juillet. Sur ce second texte, je serai tout particulièrement attentif aux dispositions relatives aux modes de déplacement actifs et à la mise en place effective du plan vélo (retrouvez la tribune que nous avons portée avec Matthieu Orphelin ce mois-ci et qui a été cosignée par plus de 200 parlementaires).