Notre pays a l’un des modèles sociaux les plus solides au monde, encore faut-il être dans les bonnes cases ou les bons quartiers. Je me suis engagé en politique car notre pays s’était habitué à ses injustices et avait arrêté sa quête d’émancipation et de progrès. Je me suis engagé car je ne pouvais plus accepter cette résignation à ne pas lutter contre les inégalités dans le seul but de ne pas perturber certains ordres établis.
Je suis attaché à notre modèle de retraite. Mais j’ai toujours eu conscience que dans son fonctionnement actuel, il n’était que l’ancrage définitif de toutes les inégalités structurelles de notre pays, sans que personne ne s’en émeuve réellement. Un système dans lequel la pension moyenne des femmes est 42% inférieure à celle des hommes. Un système dans lequel celui qui a fait des études et eu une carrière linéaire ascendante part tôt à la retraite avec une pension élevée, quand celui qui n’a pas fait d’étude et a connu une carrière hachée part à la retraite tard avec une pension de misère pour quelques années de vie restante. Un système aux 42 régimes devenu totalement illisible. Un système dans lequel la défiance des Français envers leurs institutions et eux-mêmes ne cesse de croître. Ce système est injuste et ne me convient pas. C’est pourquoi nous devons aller vers un système universel de retraite dans lequel les règles et les principes seront les mêmes pour chacune et chacun.
Les débats à l’Assemblée sont actuellement très vifs. C’est normal, car il s’agit de notre modèle social. Mais nos objectifs sont clairs et doivent être expliqués et défendus. Ce projet de loi vise à pérenniser notre système de retraite par répartition qui repose sur la solidarité intergénérationnelle en le rendant démocratiquement plus lisible et plus transparent, en garantissant les mêmes droits à tous nos concitoyens, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il vise par ailleurs à renforcer la solidité budgétaire de notre système de retraite et à mettre fin au cycle interminable des réformes paramétriques que nous connaissons depuis trente ans du fait du vieillissement de notre population et de l’allongement de notre espérance de vie. Enfin, il ne vise pas à conforter la position de celles et ceux qui ont le plus, mais bien au contraire à réduire en profondeur les inégalités de notre société en permettant à tous nos concitoyens d’accéder à l’intégralité de leurs droits. Il vise à mettre un terme aux nombreux effets anti-redistributifs du système actuel.
Je suis fier de défendre une telle réforme systémique tournée vers l’avenir. Trop longtemps, celles et ceux qui ont gouverné notre pays ont préféré se réfugier dans le conformisme et, pour des questions essentiellement électoralistes, ont refusé de regarder en face l’évolution de notre société et de proposer un modèle social d’avenir viable et juste. Je ne me suis pas engagé en politique pour toujours avoir des propos plaisants ou passer des journées tranquilles. Je ne me suis pas non plus engagé en politique pour courir après une multitude de mandats divers et variés. Je me suis engagé pour porter des convictions et des combats. Je me suis engagé pour agir, pour faire. Je me suis engagé pour essayer de changer les choses, car je suis persuadé que l’on peut toujours améliorer les choses. Encore faut-il regarder la société telle qu’elle est, ne pas avoir peur d’affronter l’avenir et d’y apporter des solutions.
Avec optimisme, et dans le respect du mandat électoral qui m’a été confié temporairement, c’est le sens de mon action à l’Assemblée nationale depuis le début de la législature.