Vice-présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, la députée En marche Fiona Lazaar signe, avec 22 autres députés, une tribune pour alerter sur la charge mentale qui pèse sur les femmes, amplifiée selon eux par le confinement.
“La crise sanitaire sans précédent que traverse le pays est, aussi, une crise des inégalités et notamment des inégalités de genre. Alors que les femmes consacrent en moyenne 2,5 fois plus de temps aux tâches ménagères, nous souhaitons alerter sur le risque réel que le confinement exacerbe les inégalités domestiques.
Il y a, bien sûr, l’enjeu vital des violences conjugales qui augmentent avec la promiscuité, la tension, la limitation des sorties, et qui appellent des mesures spécifiques et, plus que jamais, nous appelons à la vigilance de chacun pour ne rien laisser passer.
Au-delà de ces préoccupations primordiales, alors que nos concitoyennes et concitoyens sont confinés avec tout ce que cette situation inédite emporte d’inquiétudes, d’angoisse parfois, ou de difficultés, nous souhaitons rappeler que, non, mesdames, rien ne vous oblige à être des “superwomen”, à la fois enseignantes, cuisinières, as du ménage, et télétravailleuses à plein temps!
Au contraire, la période que nous traversons doit être l’occasion d’une prise de conscience partagée sur les inégalités domestiques et sur le phénomène de la “charge mentale”. Ce terme de charge mentale, qui doit (enfin!) faire son entrée en 2020 dans Le Petit Larousse illustré, est issu de la sociologie et désigne selon la chercheuse Nicole Brais de l’université Laval de Québec “ce travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectifs la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence”.
Durant cette période de confinement, il faut penser à tout, tout le temps. Trouver des façons d’occuper les enfants à la maison, d’assurer le suivi scolaire pendant que l’école est fermée, organiser les différents repas de la journée alors que tout le monde est bloqué à la maison, prendre des nouvelles de ses proches et en donner, parfois prendre soin d’une personne en situation de dépendance…
Et, si la situation est exceptionnelle, elle ne fait pas exception : cette charge revient en grande majorité aux femmes, qui sont par ailleurs nombreuses, en parallèle, à devoir continuer à mener de front leur activité sur le terrain – soignantes, caissières, enseignantes, assistantes maternelles… – ou bien sous forme de télétravail. Ce sont aussi les femmes qui dans l’immense majorité des cas (84%) sont à la tête des près de 2 millions de familles monoparentales du pays et qui doivent gérer, seules, la vie du foyer.
Alors que 60% des hommes déclarent se tenir à l’écart du ménage, 50% des fourneaux, et 48% de la vaisselle (étude Credoc de 2017), nous voulons alerter sur la nécessaire prise de conscience autour des inégalités au foyer.
Que cette période de confinement soit l’occasion de nous réinterroger profondément : réinterrogeons nos habitudes, repartageons les responsabilités et soyons solidaires aussi au sein de nos foyers!”