Les 150 citoyens tirés au sort, à l’image de la société française, ont partagé un constat : nous devons, sans avoir le choix, transformer la société pour qu’elle cesse d’émettre des gaz à effet de serre en 2050. Entre 1990 et 2020, en trente ans, nous avons diminué de 20% nos émissions. Dans les 30 ans qui viennent, nous devons les diminuer de 80%. Quatre fois mieux. Le Haut conseil du climat nous rappelle dans ses avis que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire collective.
« Nous allons dans le mur » nous disent les citoyens de la convention, après avoir fait le tour de la question. « Et nous avons un ensemble de propositions qui vont nous éviter cette pénible fin ». Allons-nous maintenant consacrer du temps à tourner en dérision les propositions combinées entre elles, issues de 9 mois de travail colossal ?
Ce pourrait être un choix. Un choix médiatique, un choix politique, un choix citoyen.
Et après avoir tourné en ridicule la limitation à 110km/h, on fera de même avec les propositions relatives à la rénovation du bâti, puis avec celles relatives à l’agriculture… La matière existe : un ensemble de 149 propositions solides qui se démultiplient en des centaines d’autres invitations à faire autrement. Chacune d’entre elles peut être isolée, tournée en dérision, et réduite à une question binaire sur une chaîne d’information continue ou par des éditorialistes recherchant la polémique au détriment de l’intérêt général : pour ou contre ? oui ou non ? Le débat n’est pas là. Et c’est alors faire injure à l’intelligence des 150 citoyens et à la complexité d’un sujet de société majeur.
J’ai une autre invitation.
Ces 150 citoyens représentent une diversité de la société française avec sa pluralité de points de vue. Si après neuf mois de travaux, la consultation de 140 praticiens, scientifiques, industriels, universitaires, corps intermédiaires, militants associatifs… les citoyens nous recommandent cette manière de transformer la société française, c’est parce qu’ils ont compris et sont convaincus, depuis leur lieu de vie (y compris l’Outremer), avec leur expérience de vie, et l’information qu’ils ont partagée, que c’est la meilleure manière de faire.
Transformer nos modes de vie, nos modes de production et de consommation, pour limiter les dégâts pour les générations futures, cela ne va pas être simple. Mais cela peut être réjouissant. Conduire à une meilleure qualité de vie, et contribuer à notre prospérité pour les trente prochaines années.
Nous venons d’arrêter la société pendant trois mois pour sauver aujourd’hui des centaines de milliers de vie. Pourrons-nous décider, pour sauver des centaines de millions de vie demain, d’allonger de 7 minutes nos trajets tout en faisant 20 à 30% d’économie, investir massivement dans des programmes qui dans les vingt ans qui viennent, vont créer des millions d’emplois, inciter nos ingénieurs à trouver des nouvelles solutions pour protéger notre environnement, inciter nos juriste à modifier le système légal pour que ce qui conduit à la destruction de la vie soit reconnu comme un crime , manger et produire la nourriture autrement pour être en meilleure santé et restaurer la santé financière de nos agriculteurs ?
Peut-on répondre à ces questions autrement que positivement ? Non.