Le 9 novembre 2022 la Revue nationale stratégique (RNS) a rendu publiques ses réflexions dans lesquelles elle décrivait le contexte géopolitique comme instable et imprévisible, marqué par le retour d’une guerre de haute intensité sur le sol européen, par les crises sanitaire et climatique, par une interdépendance profonde entre scènes nationale et internationale sur les sujets énergétiques, politiques et économiques. Cette revue, rédigée par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées et par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a vocation à définir les orientations de la LPM de l’année qui suit. L’identification de l’état des menaces permet donc d’évaluer le budget pour la mise en œuvre de la stratégie de défense.
La LPM établit donc une programmation pluriannuelle des dépenses de l’État en matière militaire et en matière de défense nationale, fixe les grands axes de la politique de défense qui couvre les domaines géostratégiques, industriels, financiers ainsi que les conditions de vie et de travail des acteurs de la défense. A titre d’exemples, 238 milliards d’euros d’investissements industriels sont prévus d’ici 2030 et l’allocation de 750 millions d’euros au plan famille, afin d’accompagner le militaire et sa famille dans le cadre de mutations et de contraintes opérationnelles.
Cette LPM détermine les moyens associés à trois grands objectifs pour la France :
En 2023, le budget de la défense est fixé à 43,9 milliards d’euros, qui correspond au deuxième budget de l’État. Ce budget est ventilé sur les prochaines années avec 1,5 milliards supplémentaires d’ici à la fin de l’année, 3 milliards supplémentaires ajoutés chaque année au budget de l’année précédente entre 2024 et 2027, et enfin 4,3 milliards supplémentaires ajoutés au budget entre 2028 et 2030. En résumé, les 413,3 milliards d’euros qui constituent le budget de la défense entre 2024 et 2030 seront répartis comme tels :
2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 |
47,04 milliards | 50,04 milliards | 53,04 milliards | 56,04 milliards | 60,32 milliards | 64,61 milliards | 68,91 milliards |
Le budget passera donc de 32 milliards d’euros en 2017 à 56 milliards en 2027 et 69 milliards en 2030. Après des années de stabilité ou de baisse, avec une diminution de 6 milliards d’euros sous le mandat de Nicolas Sarkozy et une diminution de 1,4 milliards sous celui de François Hollande, le budget attribué cette année aux Armées et à la Défense nationale marquera un changement de cap.
Sécuriser les fondamentaux de notre défense en garantissant la crédibilité de la dissuasion nucléaire
La dissuasion nucléaire est un élément clé de notre défense nationale puisqu’elle nous permet d’être un Etat d’équilibre face aux menaces d’utilisations nucléaires :
Sébastien Lecornu, ministre des Armées, déclarait en janvier 2023 que « la loi de programmation militaire permet à la France de rester une puissance mondiale ». Face au développement technologique accru des puissances et de nos partenaires européens, nous devons assurer la capacité de nos armées à affronter les menaces. En 2023, les adversaires ne sont plus seulement « potentiels » comme en témoigne la guerre Ukrainienne.
Nos investissements doivent désormais se tourner vers l’innovation en prévention et permettent d’assurer une capacité de défense en cas d’attaque. La diversité des menaces implique la capacité d’assurer une diversité de réponses :
– 750 millions au plan famille.
Le chantier « économie de guerre » lancé depuis l’été 2022, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, gagne en intensité avec cette LPM. Initialement, ce programme contenait cinq piliers afin que le secteur industriel s’organise pour soutenir l’effort de guerre dans la durée : la visibilité pour les industriels, la simplification des procédures qui permet de diminuer le nombre d’exigences reposant sur la production industrielle, la sécurisation des chaines d’approvisionnement, le recrutement et le financement. Dans un contexte d’inflation élevée depuis la guerre avec des marchés de l’énergie et de l’alimentation qui sont directement touchés par les affrontements, la LPM contient des mesures qui permettent de développer cette économie de guerre et qui garantissent la résilience industrielle face aux menaces :
Concernant les Jeux Olympiques, le ministère des Armées est en charge de la protection aérienne du territoire. Cet évènement devrait rassembler 16 millions de touristes en 2024 à Paris. La LPM prévoit donc que 2 000 personnes seront engagées pour assurer la sureté aérienne des 42 sites.
Les LPM sont mises en œuvre chaque année par les lois de finances votées par le Parlement. Ce dernier a un rôle de contrôle par le vote des crédits alloués. Il permet donc de réadapter le budget chaque année aux instabilités et dangers croissants, aujourd’hui liés à la guerre en Ukraine et à la numérisation des attaques. Pour finir, le Gouvernement devra communiquer une fois par an, avant le 30 avril, un bilan de l’exécution de la programmation militaire au cours de l’année passée et présenter, avant le 30 juin de chaque année, les enjeux et les principales évolutions de la programmation budgétaire de la mission “Défense”.