Ce déplacement fut inédit à bien des égards. D’abord, car la France est le premier pays au monde à avoir constitutionnalisé l’IVG et nous avons porté ce message universel, aux côtés de la société civile française engagée. Ensuite, car pour la première fois une large délégation parlementaire française était présente. Enfin, parce que pour la première fois nous avons eu le privilège d’organiser, avec le Planning familial, un événement officiel dans le cadre de la conférence.
Notre délégation a participé à de nombreux événements organisés dans le cadre de la conférence officielle. De la cérémonie d’ouverture à l’événement parallèle de la France organisé sur les violences sexuelles dans le contexte de guerre ou encore l’événement organisé par l’Union interparlementaire sur l’approche genrée pour mettre fin à la pauvreté, nous avons assuré une représentation parlementaire française et mis en avant les combats que nous portons au sein de la Délégation aux droits des femmes. A cet égard, j’ai pu intervenir en tant que membre exécutif du Forum parlementaire européens (EPF) lors de la rencontre organisée par la délégation parlementaire canadienne sur le lien entre les droits et la santé sexuels et reproductifs et la lutte contre la pauvreté.
En outre, nous avons pour la première fois réussi à organiser notre propre événement officiel dans le cadre de la conférence, en partenariat avec le Planning familial et avec le parrainage de la France. Forts de la victoire collective que nous avons obtenu sur la constitutionnalisation de l’IVG, nous avons choisi la thématique de la collaboration entre les parlementaires et la société civile. Après une première table-ronde sur la constitionnalisation de l’IVG, lors de laquelle je suis intervenu avec Mélanie VOGEL (sénatrice écologiste) et Sarah DUROCHER (présidente du Planning Familial), nous avons abordé la question de la mise en œuvre de l’éducation complète à la sexualité avec Noémie GARDAIS (Planning familial), Marie-Noëlle BATTISTEL (députée socialiste) et Andréanne LAROUCHE (députée québécoise). L’événement a été conclu par la Ministre Aurore BERGÉ. Cette rencontre avait pour objectif de faire un retour d’expérience sur certains combats portés ensemble et de dresser de pistes d’amélioration de nos collaborations avec les associations et l’ensemble des pouvoirs publics.
Cette participation a permis de renforcer la visibilité de la France et du travail parlementaire dans les instances internationales. Elle nous a également permis de continuer de porter auprès des différents acteurs présents les combats pour lesquels nous agissons quotidiennement.
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Focus : La Commission de la condition des femmes des Nations Unies (CSW)
La Commission de la condition des femmes des Nations Unies (CSW) est le principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. La CSW est une commission fonctionnelle du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) créée par la résolution 11 du Conseil du 21 juin 1946.
La CSW joue un rôle important dans la promotion des droits des femmes. Elle reflète la réalité vécue par les femmes dans le monde entier et contribue à l’établissement des normes mondiales relatives à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. La soixante-huitième session de la CSW aura lieu du 11 au 22 mars 2024. A cette occasion, les représentants des États membres, des entités des Nations unies et des organisations non gouvernementales (ONG) accréditées par l’ECOSOC de toutes les régions du monde sont invités à contribuer à la session.
Le thème prioritaire de cette édition est « Accélérer la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles en s’attaquant à la pauvreté et en renforçant les institutions et le financement dans une perspective de genre. ».
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Au cours de ce déplacement, nous avons pu échanger avec de nombreuses organisations de la société civile française et internationale sur les combats communs que nous portons.
Nous avons notamment rencontré Marlène SCHIAPPA, ancienne ministre, et Matthias SAVIGNAC, Président de la MGEN autour du rôle des associations et des mutuelles dans l’accès à l’avortement et des positions communes que nous pourrions porter ensemble.
Un échange avec IPAS et le Planning familial nous a permis de mieux comprendre l’organisation et la structuration des mouvements anti-choix dans le monde. Nous avons notamment pu appréhender leurs modes d’action dans les différents pays du monde, ainsi que leur participation aux conférences internationales au cours desquelles ils organisent régulièrement des événements et des manifestations anti-avortement.
Nous avons pu rencontrer l’ONG Handicap international et plusieurs femmes leaders handicapées d’Afrique de l’Ouest. Cet échange nous a permis d’aborder les enjeux d’intersectionnalité et de l’accès des femmes en situations de handicap à l’éducation et aux postes à responsabilité.
J’ai aussi pu échanger avec Maliha KHAN, Directrice générale de Women Deliver, Fabrice FERRIER et Manon PROVENSAL de Focus 2030. Nous avons notamment abordé les prochaines échéances internationales en matière de droits des femmes et les opportunités d’engagement des parlementaires français dans le cadre de la prochaine CSW. Nous avons aussi commencé à dresser des perspectives de collaborations en prévision de la prochaine conférence Women Deliver qui se déroulera en 2026.
Une rencontre avec Maître Aka Angui, Présidente de l’association des Femmes juristes de Côte d’Ivoire, et Action contre la Faim a été l’occasion de parler plus en détails de la mobilisation des femmes dans les pays d’Afrique de l’Ouest et comment renforcer l’accès des femmes aux postes à responsabilité dans ces pays.
Nous avons pu renforcer les liens entre les parlementaires français et les parlementaires canadiens, présents avec une large délégation, et évoquer les prochaines opportunités de collaboration dans les combats similaires que nous menons. Cela pourrait donner lieu notamment à un prochain déplacement au Canada.
Enfin, j’ai pu échanger, avec des militantes féministes d’Afrique francophone, partenaires d’IPAS, Equipop et du Planning familial, sur la réalité des combats remarquables qu’elles mènent dans leurs pays pour les droits de leur concitoyennes, l’accès à l’avortement, la défense des droits LGBTQIA+. Je tiens à remercier ces deux associations pour l’organisation de ce temps d’échanges important et à saluer l’incroyable courage des activistes que j’ai rencontrées. Nous devons être aux côtés de leurs combats, des combats qu’elles mènent au prix de leur liberté et de leur vie.
L’ensemble de ces échanges furent l’occasion d’engager de nouvelles collaborations pour mener collectivement de nouveaux combats pour les droits des femmes à l’échelle internationale, mais aussi de prendre la mesure de la réalité de ces combats dans les pays les plus vulnérables où des femmes engagées, courageuses et déterminées luttent chaque jour pour plus de droits et d’égalité.
Notre déplacement fut aussi l’occasion de rencontrer deux agences onusiennes soutenues par la France, basées à New York, et dont le rôle pour l’égalité femmes-hommes dans le monde est essentiel.
ONU Femmes d’abord qui est l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Porte-drapeau mondial des femmes et des filles, ONU Femmes a été créée pour accélérer les progrès dans la réponse apportée à leurs besoins partout dans le monde. A cet égard, l’organisation coordonne et promeut en outre le travail réalisé par le système des Nations Unies en faveur de l’égalité des sexes et dans le cadre des discussions et accords relatifs au programme à l’horizon 2030. Elle joue aujourd’hui un rôle particulier dans le cadre de la mise en œuvre des engagements du Forum Génération Égalité, organisé par la France en 2021.
Nous avons pu échanger avec les différentes directrices et directeurs de l’organisation sur l’action concrète que conduit l’organisation dans le cadre du FGE, mais aussi dans le cadre du programme « Femme, paix et sécurité ». Ces discussions nous ont permis de mieux comprendre le travail de terrain réalisé par ONU Femmes ainsi que du soutien de la France à cet effet.
L’UNFPA ensuite, qui est l’agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive. Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) a été créé en 1967. Il est la plus grande source des fonds de développement international pour la population, pour la planification familiale et à la santé de la mère et de l’enfant.
Notre délégation a eu le privilège d’échanger avec Diene KEITA, Directrice exécutive adjointe du FNUAP. Cet échange de haut-niveau a mis en lumière l’engagement essentiel et les résultats transformateurs obtenus de cette organisation dans l’agenda « Population et Développement ». Nous avons plus précisément abordé les enjeux de prévention, de santé maternelle et de violences basées sur le genre, ainsi que les enjeux autour de la mobilisation des jeunesses dans les pays les plus vulnérables. Dans le cadre de ces actions essentielles conduite par le FNUAP, nous entendons continuer de renforcer la collaboration avec les parlementaires français dans les prochains mois autour de ces sujets et en soutien à cette organisation.
Lors de cette 68ème CSW, la délégation française a réuni autour de la Ministre Aurore BERGÉ, une centaine de participantes et participants, dont une bonne partie était des organisations de la société civile. Forte de cette diversité, cette délégation d’ampleur s’est retrouvée autour du message commun et universel que porte la France pour les droits des femmes. A ce titre, il était important pour moi que nous puissions rassembler l’ensemble de cette « équipe France », ce que nous avons fait autour d’une soirée d’échanges avec plus de 80 personnes.
Au-delà, nous avons pu échanger de manière bilatérale avec notre Ambassadeur et Représentant permanent auprès des Nations Unies, Nicolas DE RIVIÈRE, sur les enjeux et l’actualité de l’action diplomatique de la France à l’ONU, ainsi que sur les prochaines participations parlementaires aux différentes conférences internationales à venir. Enfin, nous avons eu l’occasion de discuter plus avant avec les équipes de la Représentation permanente française qui conduisent les négociations pour notre pays dans le cadre de la CSW. Je tiens ici à saluer leur travail considérable et l’excellente collaboration que nous avons eu pour construire cette délégation parlementaire et porter ensemble de nos positions.
Retrouvez ci-dessous l’agenda de mon déplacement.
Composition de la délégation (20 membres):
Parlementaires
Collaborateurs :