Lundi 18 mars, retour à l’Assemblée nationale. Je passe les portes du 10 rue Aristide Briand. Échanges avec quelques collègues sur l’actualité politique et certaines remontées de terrain. De retour de New York où je participais à la 68èmesession de la Commission sur la condition de la femme (CSW) à l’ONU, je leur partage mes premières réflexions et perspectives suite à ce déplacement. Face aux problématiques nationales auxquelles nous sommes confrontées, j’essaie de réintroduire une dimension internationale des combats que nous menons, des valeurs que nous portons. Je regrette que ces sujets soient si peu présents dans nos débats, nos échanges, dans nos médias. Ils sont pourtant tellement cruciaux pour l’avenir du monde dans lequel nous vivons.
Quelques jours après l’adoption définitive de l’introduction de la liberté garantie d’avoir recours à l’IVG dans notre Constitution et suite à la cérémonie du scellement dans notre Constitution d’un nouvel alinéa, l’alinéa 18 de l’article 34, j’ai conduit du 10 au 13 mars avec le soutien de la présidente de la Délégation aux droits des femmes (DDF) Véronique Riotton une délégation transpartisane d’une quinzaine de parlementaires à cette rencontre annuelle qui, au fil des années, est devenue un moment incontournable des combats féministes au niveau international. La « CSW », qui est le principal organe de décision multilatéral dédié à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, est également depuis plusieurs années le théâtre des affrontements entre les défenseurs des droits des femmes et les mouvements anti-droits. Année après année ces conservatismes, organisés, internationalisés et considérablement financés, essaient de toujours plus occuper cet espace. Face à ces mouvements nous ne devons rien céder.
C’est pour cette raison, qu’aux côtés de la ministre déléguéeen charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et la Lutte contre les Discriminations Aurore Bergé, de nos anciennes ministres Laurence Rossignol et Marlène Schiappa également, de nombreuses associations et actrices de la société civile, acteurs aussi, nous nous sommes rendus en nombre à cette 68ème session de la CSW pour porter la voix de la France, des droits des femmes, de la démocratie. Au-delà d’assister aux travaux de la Commission, nous avons tout au long du déplacement multiplié les échanges avec les différentes agences onusiennes, notamment avec ONU Femmes et UNFPA où nous avons pu échanger avec Diene Keita(directrice exécutive de UNFPA), avec les ONG, les activistes féministes, avec nos homologues parlementaires d’autres pays, notamment canadiennes, avec nos diplomates, notamment notre Ambassadeur et Représentant permanent auprès de l’ONU Nicolas De Rivière, qui réalisent un travail remarquable au service des droits des femmes.
Nous avons mené ces échanges avec un triple objectif. Voir comment renforcer le combat pour la liberté de disposer de son corps partout à travers le monde, d’abord. Échanger surles mesures à prendre pour accélérer l’autonomisation de toutes les filles et toutes les femmes en luttant davantage contre la pauvreté, en renforçant la prise en compte du genre par les institutions publiques et financières, ensuite. Travaillerà l’approfondissement de la construction de notre diplomatie féministe enfin, en écho direct à la coalition des féministes appelée de ses vœux par Aurore Bergé et à l’annonce par notre ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné de la tenue d’un sommet à Paris en 2025 qui réunira l’ensemble des États engagés dans la construction d’une diplomatie féministe. Sur ce dernier point, je suis convaincu que les parlementaires, les organisations de la société civile, mais aussi les collectivités territoriales et les entreprises, ont un rôle clé à jouer dans leur capacité à animer des réseaux et àporter nos convictions féministes partout à travers le monde.C’est d’ailleurs dans cet esprit que, conjointement avec le Planning familial et sa présidente Sarah Durocher, nous avons organisé un événement officiel dans le cadre de l’agenda decette 68ème CSW qui portait justement sur la nécessaire coopération entre la société civile et les parlementaires dans la conquête des droits des femmes. Cet événement, tout comme l’ampleur de notre délégation, était une première qui témoigne de notre volonté commune, représentants de la société civile comme parlementaires, de participer à la construction d’une réelle « Équipe France » des droits des femmes et de la diplomatie féministe. Nous ne lâcherons rien. Nous serons ensemble aux côtés de toutes celles et ceux qui se battent pour les droits humains, partout dans le monde.
Ces objectifs, nous les avons portés et nous continuerons de les porter dans un contexte international compliqué. La constitutionnalisation de l’IVG représente un magnifique message positif adressé à toutes les générations à travers lemonde entier. Mais cette victoire nationale, qui est un élément d’espoir pour les combattantes des droits des femmes, ne doit à aucun moment nous faire oublier la réalité de l’époque dans laquelle nous vivons. Celle du backlash. Celle du retour de bâton ou du retour en arrière. Une époque faite d’attaques répétées envers les droits des femmes, sur tous les continents. Qu’il s’agisse de l’interdiction ou de la restriction de l’accès à l’avortement, des menaces et de la répression des activistes féministes, de l’atteinte aux dispositifs d’enseignement complet à la sexualité, des attaques envers les législations autorisant le divorce, de dispositions entravant l’accès aux méthodes contraceptives, à l’éducation ou à l’emploi, ces politiques et ces discours sont multiples à travers le monde. Et je ne peux ici citer l’ensemble des attaques que nous dénombrons. Elles ont toutes pour objectif commun de réduire la liberté des femmes et préserver des modèles de sociétés patriarcales. Des logiques de soumission, d’