Le cancer du col de l’utérus causée par le HPV est une maladie détectable et curable. Pourtant chaque année, plus de 25000 femmes meurent de ce cancer en Europe. L’amélioration de la communication autour du virus qui le cause est donc une responsabilité politique et collective.
Au cours de cet échange, Neil Datta, directeur exécutif du Forum parlementaire européen sur les droits sexuels et reproductifs (EPF), a pu nous présenter cet Atlas et aborder les objectifs de l’Europe en ce qui concerne ce virus. Les objectifs étant, tout d’abord, de faire vacciner 90% des filles en 2030 et de dépister 90% de la population en 2025, ainsi que de rendre le dépistage et le vaccin contre le HPV gratuit.
Sarah Sauneron, Directrice générale de la santé adjointe, nous a présenté les solutions afin de lutter contre le HPV, qui est la première infection sexuellement transmissible en France avec 6400 cas de cancer du col de l’utérus par an. Afin d’améliorer le dépistage et le taux de vaccination en France de nombreuses solutions ont déjà été mises en place, comme la possibilité pour les pharmaciens de vacciner contre le HPV en plus des médecins. Elle a également insisté sur la nécessité de convaincre les parents et de les rassurer face au vaccin en publiant les chiffres des effets secondaires.
Jeanne Villemoes Bigaard, de la Danish Cancer Society, a pu évoquer les difficultés qu’a rencontré le Danemark, qui est le premier pays dans le classement de l’Atlas de l’EPF, lors de sa campagne de communication contre le HPV. Le Danemark est passé d’un taux de vaccination de 16% en 2017 à 88% en 2024, cependant la campagne a été freinée par de fausses informations sur les médias concernant le vaccin ainsi que des documentaires remettant en question la sécurité de celui-ci. Le Danemark avait établi une stratégie de communication qui consiste notamment à faire de la prévention sur le réseau social Instagram, ainsi qu’à changer le slogan afin de mieux communiquer l’information.
Enfin Peter Baker, directeur de Global Action on Men’s Health et consultant du HPV Action Network, a souligné l’importance de vacciner les garçons contre le HPV et d’améliorer la prévention des cancers qu’il peut causer chez les garçons. En effet, ce virus a également un impact sur la santé des hommes, il est donc important que le plus grand nombre d’entre eux se fassent vacciner.
Pour conclure, cet événement était très enrichissant et a permis de se pencher sur les points d’amélioration que la France peut apporter à sa campagne de prévention contre le HPV. Ainsi que de prendre conscience de l’importance de se faire vacciner contre ce virus.
Cet article a été rédigé par Auriane YILDIZ COQUERY, stagiaire de seconde.
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Retrouvez ci-dessous mon intervention en ouverture de cet événement.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Directeur exécutif, cher Neil,
Madame la Directrice générale adjointe, chère Sarah,
Professeurs, chers Jeanne et Peter,
Mesdames et Messieurs,
Je suis ravi de vous accueillir aujourd’hui pour l’organisation de cet événement sur la prévention du HPV en France et la présentation de l’Atlas des politiques de prévention des infections à HPV produit par le Forum Parlementaire Européen pour les Droits Sexuels et reproductifs.
Je suis particulièrement heureux de vous recevoir ici en salle Colbert à l’Assemblée nationale, pour deux raisons.
La première est qu’il s’agit de la troisième réunion de ce type que nous organisons avec l’EPF et Neil DATTA, que je tiens à remercier pour son engagement et la qualité des travaux qu’il produit à travers notamment les Atlas. Nous sommes aujourd’hui réunis pour une autre thématique essentiel lorsque l’on parle de droits et de santé sexuels et reproductifs : la question de la prévention au VPH et à l’accès à la vaccination.
La seconde est que ce sujet est particulièrement important et que, vous le verrez à travers la présentation de Neil Datta, mais aussi les interventions de Madame SAUNERON et des professeurs Janne VILLEMOES BIGAARD, et Peter BAKER, les enjeux pour notre pays et les pays européens restent nombreux.
Permettez-moi de vous dire quelques mots sur le VPH et l’enjeu que représente le combat contre ce virus en France, en Europe et dans le monde, pour les femmes et pour nos sociétés toutes entières.
Le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus courant chez la femme dans le monde, avec environ 660 000 nouveaux cas et 350 000 décès liés à cette maladie en 2022. 25 000 décès en Europe.
Il est aussi un risque de vulnérabilité supplémentaire face à d’autres maladies puisque les femmes vivant avec le VIH ont six fois plus de risques de développer un cancer du col de l’utérus que les autres.
Nous le savons, les outils de diagnostics précoces existent et la vaccination est aujourd’hui un outil de prévention que nous devons assurer aussi bien avec la vaccination des 9-14 ans qu’avec un dépistage à partir de 30 ans pour la population générale.
L’OMS le dit très clairement, d’ici 2030 au niveau mondial les objectifs sont clairs :
Si ces objectifs sont atteints, ce sont 74 millions de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus que nous pourrons éviter et 62 millions de décès d’ici à 2120.
En France, et Madame la Directrice générale adjointe de la santé nous le présentera en détails dans quelques instants, nous avons fait le choix d’une stratégie claire : celle de la vaccination généralisée. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de vacciner les élèves de 5e, filles comme garçons, pour permettre d’augmenter la couverture vaccinale et de prévenir contre l’infection.
Au niveau mondial, parce que disons-le clairement notre pays ne sera pas protégé tant que le monde entier ne le sera pas, nous soutenons les programmes mondiaux de vaccination via Gavi, l’Alliance du vaccin, et des solutions de dépistage précoce avec Unitaid, afin que les pays vulnérables puissent prendre le chemin de l’élimination. Sur ce sujet, un monde à deux vitesses ne peut pas être une option.
Permettez-moi enfin de terminer mon propos en insistant sur l’importance d’intégrer cette politique de prévention dans notre approche en matière de droits et de santé sexuels et reproductifs.
Elle doit pouvoir faire partie de cette politique ambitieuse dans notre pays et dans le monde pour l’éducation complète à la sexualité, la sensibilisation sur les MST et les IST, l’accès à la contraception gratuite, aux soins etc.
Entendons-nous bien, il s’agit ici de faire en sorte que notre monde puisse se regarder en face en ayant prévenu les maladies qu’il peut prévenir, soigné celles qu’il peut soigner, en permettant que les jeunes filles et garçons comprennent mieux leur corps et fassent les choix de vie bons pour notre société et leur environnement.
Sans cela, nous ne pourrons pas dire que nous aurons tout fait pour que disparaissent les inégalités entre les femmes et les hommes, entre les populations les plus vulnérables et les moins vulnérables, entre celles et ceux qui sont nés à Yaoundé ou Bratislava et celles et ceux qui sont nés à Paris ou Berlin.
Cette responsabilité, elle est politique et collective.
Sans plus attendre, je laisse la parole à Neil pour la présentation de cet Atlas, et je remercie une fois encore nos intervenantes et intervenants pour leur participation à ce colloque.
Je vous remercie.