Élection après élection, à travers le monde, la tendance se confirme. Les idées conservatrices et populistes gagnent du terrain. Les peuples, dans un moment de défiance accrue envers la démocratie, placent aux responsabilités les plus importantes des hommes politiques qui ont construit leur discours sur la colère, la peur de l’autre, la misogynie, la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie, le rejet de la lutte contre le réchauffement climatique, la remise en question de la séparation des pouvoirs, l’encadrement de la liberté d’expression, l’abandon des politiques éducatives pour toutes et tous. L’élection de Jair Bolsonaro au Brésil il y a quelques jours en est le dernier exemple.
C’est ce qu’ils sont. Nous devons combattre leurs idées et rappeler les valeurs démocratiques et humanistes qui sont les nôtres. Celles qui nous ont permis de construire la paix en Europe au cours des soixante dernières années. Ce qui n’est pas rien. La paix et la démocratie, deux choses qui sont bien fragiles et que l’on regrette bien trop souvent dès lors qu’elles sont abîmées. Aussi, dans cette période, arrêtons de regarder ce que le voisin possède et concentrons-nous davantage sur ce que nous avons en commun et sur les défis que nous avons à relever ensemble.
J’entends, bien entendu, le discours de ceux qui nous reprochent de mettre les mots sur la réalité de ce que sont ces nouveaux pouvoirs à travers le monde. Sur ce que sont également les extrêmes dans notre propre pays. C’est le discours de ceux qui n’ont pas clarifié leur position au sein de leur propre famille politique. Et contrairement à ce que certains peuvent dire ou écrire, cela ne nous empêche pas de tout mettre en œuvre pour nous attaquer aux racines sociales et économiques du populisme. Bien au contraire.
Nous agissons.
Nous renforçons les moyens affectés à notre éducation nationale, tout particulièrement dans les territoires les plus défavorisés. Nous luttons contre le chômage en dotant enfin notre pays d’une réelle politique de formation professionnelle (avec des moyens, 15 milliards d’euros) et d’investissements massifs dans les secteurs d’avenir. Nous veillons au pouvoir d’achat en baissant la taxation du travail et en augmentant les minima de celles et ceux qui sont le plus dans le besoin. Nous renforçons notre politique de sécurité en augmentant les budgets du ministère de l’intérieur et des armées, en embauchant 10000 policiers et gendarmes, 6500 militaires, en augmentant les moyens d’actions de nos forces de sécurité intérieures à travers la police de sécurité du quotidien. Ce ne sont pas des mesurettes ! Ce sont des mesures qui représentent un réel engagement de l’Etat pour tous nos concitoyens. Des mesures qui représentent plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissement public.
Cette action nous la menons dans le respect des contraintes qui sont propres à notre temps et qu’il est si facile pour les populistes d’instrumentaliser : la maîtrise des finances publiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais qu’iront dire les dirigeants populistes lorsque nous ne pourrons plus avoir d’agriculture dans nos pays du fait du réchauffement climatique ? Qu’iront dire les populistes quand, du fait de notre surconsommation individualiste, la plupart des territoires de cette planète ne seront plus vivables et que les conséquences seront une hausse des conflits et des déplacements de populations ? Que diront-ils lorsque sous le poids de la dette nous ne pourrons plus financer nos systèmes de sécurité sociale et de retraites ?
A aucun moment nous ne devons céder aux sirènes des peurs et des égoïsmes particuliers. Gouverner c’est décider et assumer d’expliquer ses décisions. Les décisions que nous prenons aujourd’hui, pour le bien être des futures générations, je n’ai aucune difficulté à les assumer. Nous les prenons en maîtrisant mieux nos dépenses publiques. Nous les prenons aussi en prenant en compte les engagements que nous avons pris pour mieux lutter contre le réchauffement climatique et donc en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre. Cela implique notamment de taxer davantage les pollutions que le travail. Cela implique de changer nos comportements du quotidien. Ces politiques nous les menons en mettant en place des mesures d’accompagnement, qu’il s’agisse des garde-fous que nous mettons autour des politiques sociales ou des mesures permettant de s’adapter à la transition énergétique. C’est fidèle à cet engagement que j’ai pris la décision de rejoindre ce mois-ci le collectif « accélérons la transition » lancé par mon collègue Matthieu Orphelin avec 160 de mes collègues parlementaires.