Je me suis impliqué dès 2018 pour les traducteurs afghans qui travaillaient pour l’armée française en Afghanistan. J’ai questionné M. le ministre de l’Intérieur sur ce sujet dans le cadre d’une question écrite. Les soldats français ont en effet quitté l’Afghanistan en décembre 2014, après 13 ans de présence, en laissant derrière eux 700 Afghans qui ont travaillé toutes ces années avec des militaires français. Mécaniciens, manutentionnaires, hommes de ménage mais aussi interprètes… Un tiers de ces 700 Afghans travaillaient comme traducteurs. Une partie de ces interprètes afghans de l’armée française avaient obtenu un visa pour gagner la France, grâce à un processus de relocalisation entamé dès 2015. J’interrogeais en 2018 le ministre de l’Intérieur en lui demandant d’avoir une vigilance toute particulière sur ces dossiers.
Des opérations d’évacuation sont menées discrètement depuis 2018-19 pour celles et ceux qui en avaient fait la demande alors. Les opérations se sont accélérées depuis le 15 août (jour de l’arrivée des Talibans dans Kaboul) avec le déclenchement de l’opération Agapan qui a permis d’évacuer nos ressortissants ainsi que des Européens et bien entendu plusieurs centaines d’Afghans qui avaient travaillé pour nous et que parfois il a fallu aller chercher au risque pour nos soldats à l’ambassade ou autres lieux publics où ils s’étaient réfugiés. Nous avons un devoir moral envers ces personnes qui ont travaillé pour nous et qui sont aujourd’hui plus que jamais en danger de mort pour ce motif. Je m’assurerais du bon suivi de leur dossier auprès des ministères concernés.
L’arrêt de l’opération Agapan et le contexte des attentats qui ont eu lieu autour de l’aéroport ne dit pas l’arrêt des actions d’évacuation : des négociations avec les Talibans sont en cours au niveau international pour qu’ils acceptent le départ de leurs concitoyens qui cherchent à quitter leur pays pour des raisons de sécurité. A nous d’être à la hauteur dans l’accueil que nous leur donnerons dans notre pays.
Dans le contexte actuel, j’ai co-signé la lettre adressée par la présidente de la délégation aux droits des femmes à notre Premier ministre Jean Castex. Marie-Pierre Rixain y enjoint le gouvernement à prendre toutes les mesures en son pouvoir pour protéger les femmes dont la vie est menacée et dont les droits ne sont plus garantis à l’heure actuelle, conformément à notre souhait de déployer une diplomatie féministe.
A chaque fois que la démocratie recule, que les libertés et les droits fondamentaux s’étiolent sous le joug du fondamentalisme religieux, ce sont les enfants qui en sont les premières victimes aux cotés des femmes. Parmi près de 250 000 Afghans forcés de fuir depuis fin mai, 80% sont des femmes et des enfants selon le Haut Commissariat aux Réfugiés.
L’arrivée au pouvoir des talibans entraîne évidemment une remise en cause des droits des enfants et plus particulièrement de ceux des filles. Le premier réflexe des fondamentalistes est toujours de fermer ou restreindre l’accès aux écoles, premier vecteur de l’émancipation et de la liberté. Puis, ce sont des enfants qu’on arme, qu’on violente, qu’on tue, des petites filles qu’on enferme, qu’on marie de force et qu’on prive d’avenir.
J’ai co signé une tribune lancée par la députée Alexandra Louis qui appelle la communauté internationale à se mobiliser. Chaque démocratie – au premier rang desquelles la France – ainsi que toutes les institutions internationales et européennes ont un rôle à jouer pour concourir à la protection des enfants. Ne les abandonnons pas à leur sort.