Il y a un peu plus de deux ans, à la même époque, j’entreprenais avec une dizaine de mes collègues parlementaires un tour de France dans le cadre du Grenelle des violences conjugales. Jamais je ne pourrai oublier ces moments qui nous ont conduits à retourner sur le terrain, à affronter et mettre en question nos certitudes, à écouter encore et encore les acteurs de terrain qui sont mobilisés au quotidien pour protéger les victimes de violences conjugales.
Pourquoi cette démarche alors ? Après deux ans de mandat, après l’annonce par le Président de la République de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de ce quinquennat, nous avions adopté un certain nombre de mesures, modifié des lois, augmenté certains budgets. Comme tout politique, nous étions dans l’explication de notre action. Mais dans ce combat contre les violences une réalité demeurait, une réalité qui demeure hélas encore. La réalité d’un mal profondément ancré dans notre société, celles des violences commises à l’encontre des femmes, celles des violences au sein du couple ou entre ex-conjoints. Des violences du quotidien inadmissibles et pourtant si présentes dans toutes les sphères de notre société, dans tous nos territoires. Chaque année, plus de 200 000 femmes sont victimes de violences conjugales, et plusieurs centaines de milliers d’enfants en sont victimes en conséquence. Un décompte macabre qui ne prend même pas en compte les réalités diverses de ces violences. Chaque histoire est cruelle. Chaque victime est brisée, marquée en profondeur dans sa chair et dans son âme. La reconstruction est un chemin dur et long.
Au début de l’été 2019, sous l’impulsion de Marlène Schiappa, nous avons donc pris la décision de créer avec le Grenelle des violences conjugales un électrochoc au sein de notre société sur ce sujet. Du moins nous avons essayé. Nous l’avons fait en reconnaissant les insuffisances et les failles de notre action car c’est ce que nous devions aux victimes. Nous l’avons fait avec la volonté de mettre cette part sombre de notre société dans le débat public, dans les discussions au sein de toutes les sphères de notre société.
Ce Grenelle nous a conduit à retourner sur le terrain partout à travers le pays. Pour entendre les victimes, leurs histoires, leurs peurs, leurs craintes, leurs espérances aussi et leur envie d’agir. Pour entendre les acteurs qui sont engagés au quotidien pour essayer de protéger au mieux les victimes mais qui trop souvent sont confrontés à des manques de moyens, des blocages administratifs, des manques de formation. Pour entendre les dispositifs qu’ils mettent en place, les initiatives qu’ils prennent. Et je tiens bien entendu à saluer parmi ces acteurs ceux qui aujourd’hui concrétisent ce nouveau dispositif localement : nos forces de police, nos intervenants sociaux, nos élus locaux, nos services de l’État.
Des idées fortes sont ressorties et des lois ont été depuis votées. Je souhaite cependant ici retenir deux points qui sont particulièrement important, qui dépassent largement les questions budgétaires et législatives, et qui sont cruciaux :
Parmi les bonnes pratiques que nous avons relevées il y avait notamment la création de postes d’intervenants sociaux dans les commissariats ou gendarmeries. Un dispositif qui permet de croiser les expertises de différents professionnels et d’améliorer ainsi l’accueil et l’accompagnement de la victime dès le dépôt de plainte. De l’accompagner dans cette démarche lourde et difficile mais aussi tout de suite dans toutes les questions qu’elle peut se poser. Ce dispositif participe à la construction d’une réelle présomption de crédibilité de la parole de la victime. Aussi, je me félicite d’assister aujourd’hui à la signature de la convention entre la ville de Fontenay-sous-Bois et la préfecture du Val-de-Marne. Une première dans notre département. Au 25 novembre 2020, nous ne comptions que 349 postes similaires à travers le pays. Seuls sept départements en étaient dépourvus.
Il y un peu plus d’un an, à l’occasion de la venue de la ministre déléguée à la citoyenneté Marlène Schiappa, nous nous retrouvions à quelques mètres d’ici, au commissariat de Fontenay-sous-Bois, pour échanger sur les réalités des violences conjugales sur notre territoire, pour échanger avec les équipes du commissariat, pour échanger sur les outils, les procédures à mettre en place pour améliorer l’accompagnement et la protection des victimes. Lors de cette rencontre, nous avions notamment eu un échange spontané sur la mise en place d’un intervenant social au sein du commissariat de Fontenay-sous-Bois. Ayant l’habitude de travailler avec Assia Benziane notamment, je me sentais plutôt en confiance et osais une question sur la mise en place d’un intervenant social au commissariat, le Préfet Raymond Le Deun prenait la balle au bon pour soutenir l’intérêt du dispositif, et le maire de manifester aussitôt un réel intérêt au regard des politiques déjà déployées à Fontenay. Bref un double oui immédiat, chose rare dans notre pays, l’objectif étant d’avancer rapidement pour les victimes, les questions de paperasses pouvant être réglées après. Aussi, merci Monsieur le maire d’avoir tenu cet engagement et Madame la préfète d’avoir poursuivi celui de votre prédécesseur.